Droit humanitaire : les barrières sont-elles en train de sauter ?

Les dernier emails que nous avons envoyés aux membres et donateurs à propos des événements de Gaza ont suscité des réactions parfois violentes, des deux côtés. Rien d’étonnant, quand on sait la charge émotive que suscite depuis des décennies ce conflit.

Les sensibilités sont à vif, et chaque phrase, chaque déclaration, est passée à la moulinette de la suspicion et sous le microscope d’analystes qui campent sur leurs convictions et s’en servent comme outil d’analyse, sans souvent prendre la peine d’aller voir tout ce que nous avons publié sur le sujet.

Le recours à des terminologies comme « crimes de guerre » ou « crimes contre l’humanité » a encore exacerbé ces attitudes. Ces mots évoquent des souvenirs terribles d’événements dont une partie des protagonistes ont été victimes durant la seconde guerre mondiale. Placer ces victimes (ou leurs descendants) aujourd’hui du côté des auteurs constitue indéniablement un choc.

Or, littéralement, un « crime de guerre » est un crime commis selon le droit humanitaire international, — en gros le droit de la guerre et les Conventions de Genève. Il s’agit d’éléments concrets, mesurables, avec toute la dureté et le manque d’humanisme apparent de cette législation internationale, qui après tout, ne fait que décrire les obligations des belligérants en vue de guerres les moins « sales » possibles. Je me rappelle de discussions juridiques avec des juristes de Tsahal — à propos du conflit au Liban Sud avec le Hesbollah —, dont l’analyse se basait sur la jurisprudence actuelle, et qui affirmaient qu’en tout état de cause un civil tué pour un militaire abattu constituait un quota acceptable au regard du droit humanitaire. C’est évidemment difficilement supportable à entendre, mais c’est la dure réalité de la guerre.

Mais les débats de ces derniers jours ne portent pas sur ce genre de comptes d’apothicaires du diable, en réalité. L’horreur est montée d’un cran. Chaque partie justifie, en toute connaissance de cause, le recours à des crimes de guerre, au nom d’atrocités commises par l’autre camp. Et cela c’est véritablement inacceptable.

Même les fragiles barrières du droit humanitaire sautent. Et du jour au lendemain, des citoyens paisibles justifient le recours aux fléchettes ou aux bombes au phosphore, ou de l’autre côté l’envoi de roquettes sur des jardins d’enfants.

Pourra-t-on jamais revenir à plus de raison ?

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