Il y a comme une urgence

La sortie du rapport annuel d’Amnesty fait l’objet habituellement d’une très large couverture de presse ; l’édition 2008 n’a pas échappé à la tradition. Dès lors que le thème de l’introduction portait sur le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, il était légitime de se poser la question du bilan de son impact [1] et de se demander si cette Déclaration est encore pertinente. Les journalistes ne s’en sont pas privés.

Le défi est énorme.

Nous sommes en effet loin des conditions qui prévalaient lorsque les Nations unies proposèrent ce texte au vote des états rassemblés à San Francisco. Les défis climatiques et la hausse du prix des produits agricoles semblent autant d’enjeux bien éloignés du droit à la liberté d’expression.

De même, l’usage immodéré de certains chefs d’état du terme "droits de l"homme" pour justifier le bombardement de civils ou le recours à la torture, a fait se détourner de nombreux habitants du Sud du vocabulaire des droits humains, assimilé à un double discours qui ne leur apporte rien, bien au contraire.

Du moins à première vue. Car à y regarder de plus près, et en parlant avec les victimes et les défenseurs des droits humains que nous rencontrons régulièrement, la vielle dame a encore de beaux jours devant elle. Les évènements récents en Chine l’ont bien montré : quand aucune presse libre n’est disponible, lorsque aucune opposition n’est à même d’enquêter sur l’usage de l’argent public, il ne faut pas s’étonner de voir des écoles s’écrouler lors d’un tremblement de terre, alors que toutes les autres constructions de la localité restent debout. La corruption est un fléau qui ne peut se combattre que par l’ouverture démocratique, et la redevabilité des dirigeants.

Les Birmans ont aussi pu se rendre compte à quel point leurs dirigeants ont une conception particulière de la bonne gouvern ance et apprendre à leurs dépens que les catastrophes naturelles sont en fait depuis longtemps amplifiées voire utilisées par les gouvernements depuis très lontemps.
Et puis, les valeurs qui sont portées par la Déclaration sont désirées par chacune et chacun : personne ne souhaite être torturé-e, tout le monde voudrait manger à sa faim et avoir un toit.

Un instrument au service des plus faibles

C’est notre travail de sans cesse rappeler que c’est cela qui se trouve dans le message des droits humains, et que la Déclaration est avant tout un instrument au service des plus faibles.
Il y a 60 ans, Eleanor Roosevelt, veuve du président Franklin D. Roosevelt, fut l’un des membres les plus actifs de la commission des Nations unies chargée d’élaborer la Déclaration universelle des droits de l’Homme. « Ces droits commencent tout près de chez nous, dans les quartiers où nous vivons, dans les usines, les fermes et les bureaux où nous travaillons, avait alors déclaré cette grande Dame. Sans l’action concertée des citoyens pour protéger ces droits près de chez eux, c’est en vain que nous envisagerons leur progrès dans le reste du monde ».

C’est l’engagement, et il n’est pas mince, que nous refaisons en cette année anniversaire.

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