Au Burkina Faso, vouloir prévenir une grossesse peut signifier défier son mari

Témoignage d’Hélène

Hélène, 25 ans, a quatre enfants. Elle aurait préféré n’en avoir que trois. Elle décrit les barrières auxquelles elle se heurte pour éviter une grossesse non désirée.

J’ai eu mon premier enfant à l’âge de 15 ans, et le dernier enfant a six mois. J’ai entendu parler de la contraception quand j’avais mon troisième enfant. Je voulais à partir de ce moment adopter une méthode de contraception.

Mon mari n’était pas d’accord et je n’ai pas pu le faire. Par ailleurs, il y avait un problème d’argent : comment allais-je faire pour obtenir l’argent ?

Il y a deux ans, mon mari a accepté d’avancer l’argent. J’avais eu une fausse couche et au CSPS [Centre de santé et de promotion sociale], ils ont pu le persuader qu’il fallait adopter une méthode [de contraception] pendant un moment. Il m’a donné l’argent pour une injection. Puis, lors du renouvellement, il n’a pas voulu me donner l’argent. Il m’a conseillé d’arrêter la contraception et je suis tombée enceinte du dernier.

Le mari contrôle l’argent

Avant la naissance de mon dernier enfant, je suis allée au CSPS pour profiter de la période de gratuité [de la contraception], mais je suis arrivée trop tard, la semaine de la gratuité était achevée.

J’avais demandé à mon mari de me donner de l’argent. Il s’énervait, c’est un sujet qu’on ne peut pas aborder avec lui. Il s’y oppose automatiquement. Chez nous, quand le mari parle, on est obligé de se taire et de tout subir. Déjà en temps normal quand on demande de l’argent pour les courses, il en vient aux mains, alors imaginez pour la contraception ! Il m’a déjà frappée plusieurs fois quand je demandais de l’argent pour les courses et pour la contraception.
Sans argent, je ne pouvais plus rien faire, et le dernier enfant, que je ne désirais pas, est arrivé.

Quand le mari parle, on est obligé de se taire et de tout subir.

Utiliser la contraception en secret

Mon mari m’a dit que même si la contraception était gratuite il s’y opposerait, et que si d’aventure il apprenait que j’en ai pris il me répudierait. Tant pis, je le ferai en cachette.

Ce matin, puisque c’est la semaine de la gratuité, je suis allée me faire mettre un implant. Ils ont caché le pansement sous la manche de ma robe. Mes copines ne sont pas loin, je crains qu’elles ne le découvrent.

Je n’en ai pas encore parlé avec elles. On ne sait jamais, mon mari pourrait l’apprendre par un ami si sa femme en parlait avec lui. Tout s’écroulerait.

Hélène ne devrait pas avoir à vivre dans la crainte alors qu’elle essaie simplement de prendre le contrôle sur sa propre vie, sur son corps et sa santé. Signez notre pétition pour demander au président du Burkina Faso de soutenir Hélène et les autres femmes dans son cas en rendant la contraception ouvertement accessible à toutes.

#MonCorpsMesDroits

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