Espoir à l’horizon pour les réfugiés et les migrants en Méditerranée ?

Des personnes souffrent et meurent à nos frontières, arrêtons ça !

Par Kristin Hulaas Sunde

La mort de quelque 1 200 réfugiés et migrants lors de deux naufrages intervenus à quelques jours d’intervalle en avril a soulevé l’indignation de centaines de milliers de personnes. Les responsables politiques européens ont fini par ouvrir les yeux sur ce drame : la mer Méditerranée est en train de devenir un immense cimetière. Le tout récent plan de l’UE pour faire face à la crise est-il porteur de bonnes nouvelles pour les réfugiés et les migrants ? Décryptage rapide en sept points.

(Photo : Des militants lors d’un hommage funèbre organisé le 23 avril 2015 devant le Conseil européen à Bruxelles (Belgique) en signe de protestation contre la mort en Méditerranée de réfugiés et de migrants.)

1. Comment les dirigeants européens vont-il empêcher que d’autres personnes meurent noyées en Méditerranée ?

En renforçant les missions de recherche et de sauvetage. Le nombre de bateaux patrouillant en Méditerranée va augmenter, et ils interviendront au-delà de 30 milles nautiques des côtes de l’UE, plus près des zones où les migrants rencontrent généralement des difficultés. Certains États ont par ailleurs envoyés des navires militaires en supplément. Le budget alloué au contrôle des frontières de l’UE a été triplé, et il est demandé aux pays membres d’offrir à davantage de réfugiés des moyens sûrs et légaux de gagner l’Europe (voir ci-dessous), pour éviter que ces personnes risquent leur vie dans une traversée périlleuse.

2. Le renforcement des opérations de recherche et sauvetage ne va-t-il pas inciter davantage de personnes à entreprendre la traversée ?

Rien ne permet d’étayer cette hypothèse. En fait, le nombre de réfugiés et de migrants prenant la route de la mer s’est accru depuis que l’Italie a mis fin à l’opération de sauvetage Mare Nostrum, en octobre 2014. La plupart des personnes cherchent tout simplement à fuir à tout prix une situation extrêmement difficile, même au risque de leur vie. Beaucoup n’ont d’autre choix que de prendre la mer pour essayer de trouver la sécurité.

3. La destruction des navires utilisés par les passeurs sera-t-elle utile ?

On ne voit pas très bien comment les gouvernements pourront détruire les navires utilisés par les passeurs sans mettre en danger les réfugiés et les migrants. Des dizaines de milliers de migrants et de réfugiés pourraient ainsi se retrouver pris au piège dans une zone de conflit violent. Ces actions risquent aussi de mobiliser des navires et des avions de l’UE qui seraient autrement utilisés pour sauver des personnes en mer. Et tout cela pourrait pousser les gens à utiliser des moyens plus dangereux encore pour tenter de pénétrer dans la forteresse Europe.

4. L’Europe va-t-elle accueillir davantage de réfugiés ?

L’UE veut que les États membres accueillent au titre de la réinstallation 20 000 réfugiés en deux ans, selon un plan de répartition établi en fonction de plusieurs critères (PIB, population, etc.). La réinstallation est une main tendue en direction de réfugiés particulièrement vulnérables présents dans des pays tiers (pas des migrants ou des demandeurs d’asile). Il s’agit notamment de femmes et d’enfants qui risquent de subir des violences, de personnes atteintes d’un cancer et de victimes de torture.

" Nous continuerons à faire pression sur les dirigeants européens pour qu’ils mettent un terme à cette situation dans laquelle des gens souffrent et meurent devant leur porte – en mer ou sur la terre ferme. "

Amnesty International

5. Ces 20 000 places supplémentaires, cela change-t-il quelque chose ?

C’est un pas dans la bonne direction, mais c’est aussi une goutte d’eau dans la mer. Nous faisons actuellement campagne pour que les pays les plus riches accueillent au titre de la réinstallation 380 000 réfugiés de Syrie d’ici à la fin de 2016. En acceptant quelque 100 000 réfugiés, les pays de l’UE prendraient une part équitable de cet objectif. Jusqu’à présent, toutefois, ils n’ont proposé que 40 137 places – dont 30 000 en Allemagne. À titre de comparaison, cinq pays voisins de la Syrie accueillent actuellement plus de 3,9 millions de réfugiés.

6. Et les demandeurs d’asile ?

Des pays comme l’Italie et la Grèce sont sous la pression d’arrivées croissantes de personnes qui traversent la mer Méditerranée et la mer Égée. L’UE veut que les autres pays leur viennent en aide et traitent 40 000 demandes d’asile de personnes déjà arrivées en Europe. Cette idée n’est pas mauvaise en soi – mais on ne sait pas très bien à ce stade comment le projet va être mis en œuvre.

7. Au final, tout cela va-t-il aider les réfugiés et les migrants ?

Les initiatives pourraient constituer un pas modeste, mais important, si tous les États membres apportent leur soutien total au projet. Mais l’Europe demeure toutefois une forteresse pratiquement impénétrable. Tant que cela est le cas, nous continuerons à faire pression sur ses dirigeants pour qu’ils mettent un terme à cette situation dans laquelle des gens souffrent et meurent devant leur porte – en mer ou sur la terre ferme.

Passez à l’action

Plus de 15 000 personnes ont signé notre pétition de campagne #SOSEurope. Maintenant, c’est à vous !

L’Europe et les réfugiés : sept chiffres clés

20,000

Nouvelles places offertes à des réfugiés vulnérables au titre de la réinstallation.

500 millions

Population totale dans les pays européens où seraient répartis les réfugiés réinstallés.

1 habitant sur 5

du Liban est un réfugié de Syrie.

2,7 milliards d’euros

Budget de l’Europe pour la protection de ses frontières (2014-2020).

14 000 milliards d’euros

PIB annuel combiné de l’ensemble des pays de l’UE.

0,50 euros

Somme journalière avec laquelle vivent de nombreux réfugiés syriens aujourd’hui.

1 personne sur 3

parmi celles qui traversent la Méditerranée a la nationalité syrienne (janvier-fin avril 2015)

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