Six faits à connaître sur la censure à Cuba

Six faits à connaître sur la censure à Cuba

La reprise des relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba en décembre 2014 a ravivé l’espoir que l’embargo économique imposé par les États-Unis prenne fin, car il a eu des conséquences désastreuses sur les droits fondamentaux de Cubains ordinaires. Mais si les touristes se ruent sur l’île pour profiter de son charme romantique et désuet avant qu’elle ne « change », il n’en reste pas moins que la liberté d’expression et de réunion pacifique y est réprimée de longue date, et que cela continue, comme le montre la détermination des autorités à étouffer la dissidence.

1. À Cuba, exercer votre liberté d’expression peut vous valoir la prison.

Le graffeur Danilo Maldonado Machado, connu sous le nom d’« El Sexto », l’a découvert à ses dépens lorsqu’il a passé la majeure partie de l’année 2015 derrière les barreaux pour avoir peint les noms Raúl et Fidel - prénoms des frères Castro, au pouvoir depuis 1959 - sur le dos de deux cochons vivants. Il prévoyait de relâcher ces animaux dans le cadre d’une performance artistique mais a été accusé d’outrage avant de pouvoir le faire et a maintenu en détention pendant 10 mois. Il n’a jamais été inculpé ni déféré devant la justice.

2. L’État jouit d’un quasi-monopole sur le terrain des médias (presse, radio et télévision).

La Constitution cubaine reconnaît la liberté de la presse mais interdit explicitement que des sociétés privées soient propriétaires de médias. Si des journalistes indépendants et des blogueurs ont émergé ces dernières années, les autorités continuent à empêcher les journalistes critiquant le gouvernement de faire leur travail. Lors de la Journée internationale des droits de l’homme de 2015, des journalistes de 14ymedio - site créé par Yoani Sanchez, une cybermilitante connue - ont été empêchés de rendre compte d’une action de protestation coordonnée par Les Dames en blanc et TodosMarchamos, des groupes de défense des droits humains. Selon un journaliste, des membres des forces de sécurité ont bloqué la porte de l’immeuble où ils travaillaient et lui ont dit : «  Aujourd’hui, tu ne sortiras pas. »

3. Cuba est l’un des pays les moins connectés des Amériques.

Jusqu’en 2008, il était interdit d’être propriétaire d’un ordinateur ou d’un lecteur de DVD dans le pays. Aujourd’hui, seulement 25 % des Cubains utilisent Internet, et à peine 5 % des foyers y sont connectés. Le prix de l’accès à Internet reste prohibitif pour la plupart des gens, et le web est loin d’être accessible à tous. Les autorités cubaines ont déclaré qu’elles allaient doubler l’accès à Internet dans les cinq années à venir, avec la mise en place de points Wi-Fi depuis mars 2015, mais Cuba reste le pays le plus déconnecté des Amériques.

4. L’accès à Internet est censuré.

L’accès à Internet étant extrêmement limité, la censure en ligne n’est pas très sophistiquée à Cuba. Les autorités filtrent fréquemment des contenus et bloquent occasionnellement des sites Internet qui critiquent l’État. Limiter l’accès à l’information de cette manière est une atteinte claire au droit à la liberté d’expression, qui recouvre le droit de rechercher, de recevoir et de partager des informations.

5. Il est difficile de communiquer avec des militants cubains des droits humains depuis l’étranger.

Amnesty International, ainsi que de nombreux observateurs indépendants des droits humains, comme les rapporteurs spéciaux des Nations unies, ne sont pas autorisés à se rendre sur l’île. Les lignes téléphoniques fixes, et les connexions portables et Internet de dissidents, de militants en faveur des droits humains et de journalistes sont souvent surveillées ou désactivées. Avant une visite de trois jours du pape Benoît XVI à Cuba, en septembre 2012, un verrouillage des communications a empêché Amnesty International et d’autres organisations internationales de recueillir des informations sur une vague d’arrestations qui avait alors lieu. Communiquer avec les militants cubains des droits humains reste compliqué, en particulier durant les périodes où les autorités arrêtent des gens en raison de leurs opinions politiques.

6. Les Cubains s’y connaissent pour contourner la censure et les restrictions imposées par le gouvernement à l’accès à Internet.

De réseaux Wi-Fi pirates à la création d’applications, en passant par une utilisation experte des clés USB, les Cubains trouvent des manières des partager des informations et d’éviter la censure en ligne. La Journée contre la censure sur Internet est l’occasion de manifester notre solidarité avec les dissidents, militants et journalistes cubains et leur combat.
Amnesty International s’est associée à Adblock dans le cadre de la Journée mondiale contre la censure sur Internet, afin d’attirer l’attention sur la question de la répression de la liberté d’expression à travers le monde. Adblock est un outil aidant les internautes à bloquer les publicités indésirables. Samedi 12 mars 2016, Adblock remplacera des bannières publicitaires par des contenus que les responsables de la censure de certains pays ne souhaitent pas que les gens voient.

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