Iran

« Ton amour sucre mes jours en prison » Hamid Babaei à son épouse Cobra Parsajoo

Condamné à 6 ans de prison pour avoir refusé d’espionner d’autres étudiants iraniens dans une université en Belgique, Hamid Babaei est en cellule d’isolement en Iran et ses contacts avec l’extérieur son rare. Voici une lettre d’Hamid reçue par son épouse, Cobra Parsajoo, et qu’elle a bien voulu partager avec nous.

« Mon Amour,

il y a neuf mois que la beauté de ton visage n’a plus caressé mes yeux. Il y a neuf mois que je n’ai pas goûté à ton sourire innocent et n’ai pas senti ton souffle chaleureux. Ça fait longtemps que je n’ai entendu ta voix magique et pu te parler au téléphone. Le souhait de toucher tes mains chaleureuses est ma raison de vivre. Chaque matin, c’est l’enthousiasme d’entendre ta voix qui me réveille. Cela fait maintenant deux ans qu’ils nous ont séparés. Notre soumission est leur souhait et leur plaisir, parce qu’ils n’ont pas pu nous apprivoiser et qu’ils essayent d’écraser ceux qui s’opposent à eux.

Il est certain que cette prison et ses colonnes ne peuvent nous séparer. Notre amour nous resserre et leur oppression ne le brisera pas. Chaque jour, ils dévoilent un nouveau moyen en vue de nous écraser. Ils semblent impuissants à résoudre les problèmes du pays mais ils sont en revanche très adroits lorsqu’il s’agit de trouver de nouveaux moyens de nous injurier. Lorsqu’ils ont constaté que la prison n’a pas eu l’effet de diminuer notre volonté et qu’ils ont compris que la restriction de nos visites hebdomadaires n’a pas eu l’effet de nous éloigner, ils ont décidé de te condamner et de m’exiler. C’est la solution qu’usent tous les dictatures en vue de nous faire perdre l’espoir. Quelle fabulation de leur part. C’est notre amour qui les déçoit. Ils n’ont aucune arme capable de le vaincre. Désormais, ils souhaitent que nous craquions.

Ton amour sucre mes jours en prison. Je préfère la prison avec notre amour que la liberté sans notre amour.

Je voudrais te parler de la mauvaise situation ici. Je ne te parle pas des journées ennuyantes ou du manque de livres mais bien des pendaisons hebdomadaires des prisonniers... il parait que ces deux dernières années le printemps a débuté et s’est éteint deux fois mais je n’ai moi-même pas vu de printemps ici, ainsi d’ailleurs que d’autres saisons. Je ne les ai pas vu débuter et s’éteindre. Il n’y a aucun signe de verdoiement ici. Notre Iran est un pays sans saison. Cette prison est étouffante infecte et insoutenable. C’est pour cela que je me balade quotidiennement quelques minutes dans la cour de la prison. Cet endroit est le seul où je peux me balader sous le ciel d’Iran et oublier nos souffrances pour quelques instants. Bien sûr je vois toujours la même image de ciel d’Iran en partie éclipsé par la pollution. Le ciel d’Iran se noircit après mes balades et je retourne sous terre avec juste un trou qui porte sur l’extérieur laissant transparaître un paysage. En le regardant, je me dis qu’il ne reste plus qu’une petite route qui mène jusqu’à la liberté.

La liberté est proche, la noirceur de notre ciel disparaitra. Les oubliettes de la prison ne sont pas éternelles et il y a une remontée après chaque échec.

Ce qui nous sépare n’est seulement qu’un mur. La vie de cette prison est courte et ses colonnes sont faibles. Un jour ces murs s’écrouleront. Je t’ai écrit beaucoup au sujet de pensée négative. Je ne t’attristerai plus ma chérie. Donc changeons de sujet. Ici il y a une raison de se réjouir, c’est celle que l’amour adouci la dureté de la réclusion. C’est toi mon amour qui me plait depuis longtemps et me plait toujours aujourd’hui. Ton amour sucre mes jours en prison. Je préfère la prison avec notre amour que la liberté sans notre amour. Nos beaux souvenirs m’apaisent de temps en temps. Le souvenir de nos jours, où on coulait dans le ruisseau de la vie me calme. Tes sourires, ton amitié, ta joie m’aident à me réjouir. Quelles belles journées nous connaissions alors. Tu étais alors les images en couleurs de ma vie. Ces jours-là reviendront à vrai dire.

La liberté est proche, la noirceur de notre ciel disparaitra. Les oubliettes de la prison ne sont pas éternelles et il y a une remontée après chaque échec. Les séquences de la vie sont très longues et la vie ne s’éteint pas simplement à cause de six ans de réclusion. Il y aura beaucoup de cycle de six ans devant nous. Il ne faut pas nous abandonner au gré du désespoir. Nous reprendrons notre route et reformerons nos sorts. Nous changerons notre Iran et nos destinations. Bien à toi mon amour, la liberté est proche. »

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