Dans quelques semaines, des milliers d’hommes et de femmes politiques, de militant·e·s, mais aussi de lobbyistes se rendront dans la très luxueuse Dubaï pour répondre à l’un des plus grands défis de notre temps, celui du changement climatique. Ce dont toutes ces personnes devront avoir conscience, c’est qu’elles mettent les pieds dans un pays dont le bilan en matière des droits humains est littéralement un désastre.
DERRIÈRE LA LUXUEUSE FAÇADE, UNE RÉALITÉ SORDIDE
Alors que les Émirats arabes unis – Dubaï en tête – font tout pour promouvoir l’image d’une destination sûre, opulente et attractive, de nombreuses personnes y sont en réalité en grand danger.
S’il·elle·s osent critiquer le gouvernement, le pays et/ou ses dirigeants, les activistes, journalistes et autres membres de la société civile risquent tout bonnement la prison. Les travailleur·euse·s migrant·e·s, qui représentent pourtant 88 % de la population des Émirats arabes unis, ne disposent eux/ elles d’aucune protection juridique et sociale et se voient régulièrement exploité·e·s. Quant aux représentations LGBTQIA+, elles sont tout simplement interdites et la loi prévoit une peine de six mois à trois ans d’emprisonnement pour quiconque aurait une relation sexuelle consentie avec une personne du même sexe.
UNE SOCIÉTÉ CIVILE BÂILLONNÉE ET SURVEILLÉE
Les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique sont littéralement inexistants aux Émirats arabes unis. Plusieurs lois visent à empêcher tout mouvement de contestation. Le pouvoir punit notamment d’une peine d’emprisonnement ou de la peine de mort des « infractions » portant atteinte à « l’unité nationale » ou aux « intérêts de l’État », définies en termes flous. De nombreux·euses militant·e·s se retrouvent ainsi derrière les barreaux ; par ailleurs, alors que la COP28 approche, les autorités n’ont libéré aucun des 60 membres de la société civile émirienne injustement emprisonnés en 2013, alors que 51 d’entre eux ont fini de purger leur peine.
Enfin, les autorités n’hésitent pas à surveiller et espionner massivement, notamment par des moyens numériques, les défenseur·es et militant·e·s des droits humains dans leur pays et à l’étranger. Il n’est dès lors pas improbable que des participant·e·s à la COP28 fassent l’objet d’une surveillance illégale.
Alors que les Émirats arabes unis – Dubaï en tête – font tout pour promouvoir l’image d’une destination sûre, opulente et attractive, de nombreuses personnes y sont en réalité en grand danger.
LES ÉNERGIES FOSSILES À LA PRÉSIDENCE DE LA COP
C’est le ministre de l’Industrie émirien, Sultan al Jaber, qui a été désigné pour présider la COP28. En plus de ce portefeuille ministériel, Sultan al Jaber est le directeur exécutif d’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), la compagnie pétrolière nationale des Émirats arabes unis et l’un des plus gros producteurs de gaz et de pétrole au monde. Une situation on ne peut plus ironique quand on sait que la sortie des énergies fossiles est strictement indispensable pour rester en deçà de 1,5 °C de réchauffement global par rapport aux niveaux de l’ère préindustrielle.
Les Émirats arabes unis, dont la majorité des revenus provient de l’exploitation des hydrocarbures, ont bien l’intention d’augmenter leur production, comme cela a été signifié par ADNOC en février dernier, conjointement à l’annonce de bénéfices records.
PAS DE JUSTICE CLIMATIQUE SANS DROITS HUMAINS
La réussite de la COP28 est d’une importance capitale pour la planète et pour les droits humains. Cette conférence doit aboutir à des actions ambitieuses pour la sortie des énergies fossiles et non pour leur promotion. Les Émirats arabes unis doivent pouvoir garantir l’exercice de la liberté d’expression et protéger l’espace civique en commençant par libérer les prisonnier·ère·s d’opinion émirien·enne·s. Les États présents à la COP28, dont la Belgique, doivent faire pression sur le pays afin d’atteindre ces objectifs. Il n’y aura pas de justice climatique sans droits humains.