Interview : « Les entreprises et le marché ont un rôle à jouer dans la transition écologique »

Portrait de Paul Vermeulen

Pascal Vermeulen a cofondé Climact, une société dont l’objectif est d’accompagner les entreprises, les collectivités locales, les organisations et les autorités publiques à réduire leur impact sur le climat. Il interviendra lors de l’Université d’été d’Amnesty, au cours de la conférence Changer le cours des choses : comment et à quel prix ? aux côtés de Peter Wittoeck, chef du Service Changements climatiques au Service public fédéral Santé et d’Adélaïde Charlier, activiste pour le climat et les droits humains.

Avec Climact, comment aidez-vous les différents acteurs publics et privés à opérer une transition climatique ?

Climact est une société essayant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Nous sommes une équipe de 40 consultant·e·s qui travaillent aussi bien avec des ONG et des autorités publiques qu’avec des acteurs privés, en Belgique et en Europe. Nous avons accompagné le Service public fédéral pour réduire leurs émissions de carbone – jusqu’à atteindre le zéro carbone – d’ici 2050, pour se plier aux exigences de l’Union européenne. Les entreprises nous contactent de façon plus volontaire et on réfléchit ensemble à des protocoles à mettre en place.

Les entreprises sont accusées d’être les « grands méchants loups » du climat ; quel est votre sentiment ?

Je refuse de tomber dans cette simplicité. Les entreprises dont l’activité est basée sur l’extraction des énergies fossiles dégradent le climat, bien sûr. Mais il existe d’autres secteurs, avec des entreprises qui fabriquent des trains, qui développent des technologies pour améliorer la qualité de l’air, des nouveaux systèmes de chauffage moins émetteurs de carbone, etc. Le champ est très vaste ! Les entreprises et le marché ont un rôle à jouer dans la transition écologique ; les autorités publiques aussi ; vous et moi aussi.

Quel intérêt ont les entreprises à mettre en place ces solutions ?

Aujourd’hui, il y a une prise de conscience : les enjeux climatiques sont présents sur le marché. Même si les patron·ne·s et les actionnaires ne savent pas forcément comment s’améliorer, ils/ elles doivent être conscient·e·s des risques et des opportunités liés au dérèglement climatique. Avant de se lancer sur un marché, il faut anticiper les éventuels problèmes d’approvisionnement en ressources. On voit aussi de nouveaux marchés s’ouvrir pour proposer des produits et des services nécessaires dans le cadre de la transition. Les autorités publiques ont un rôle à jouer, en définissant un cadre dans lequel les entreprises doivent opérer.
D’autre part, les jeunes diplômé·e·s qui entrent sur le marché du travail sont plus attentif·ve·s dans leur recherche de travail. C’est de notoriété publique qu’une société comme Ryanair est nocive sur les plans social et écologique. Elle ne doit pas crouler sous les demandes de jeunes prodiges.

On nous répète que nous allons droit dans le mur. Ce mur est-il inévitable aujourd’hui ?

Je constate les impacts du changement climatique depuis 15 ans. Je crois qu’on fonce effectivement dans le mur, mais nous essayons que l’impact soit le plus doux et le plus lointain possible. Des solutions, il y en a beaucoup. On peut encourager la réflexion sur sa propre consommation. Il faut alors travailler sur les valeurs et les besoins des consommateur·rice·s, avec eux/elles, sans être moralisateur·rice. Il faut rendre chouette le fait de délaisser la voiture pour le train, d’acheter local, de passer un week-end à Bouillon plutôt qu’à Rome.
Je pense aussi qu’il faut interdire les comportements très carbonés. Ça ne passera pas par la bonne volonté ni par la simple réduction de certaines habitudes, mais bien par l’interdiction. On nous interdit bien de rouler à 200 km/h, alors pourquoi ne pas interdire les jets privés et les publicités pour la dernière télévision grand écran ? On pourrait décider collectivement d’interdire certaines choses.

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