Coupe du monde 2030 et 2034 : la FIFA osera-t-elle siffler penalty ?

En décembre prochain, la FIFA doit désigner les pays qui accueilleront la Coupe du monde en 2030 et en 2034. En vertu des engagements qu’elle a pris en faveur des droits humains, la puissante Fédération se doit d’obtenir des engagements réels des pays candidats, dont le bilan en matière des droits humains est parfois catastrophique.

Tout le monde a en mémoire le précédent de la Coupe du monde de football au Qatar, dont la préparation et l’organisation ont donné lieu à la violation des droits de milliers de travailleurs et travailleuses migrant·e·s.

Lorsque le Qatar s’est vu attribuer l’organisation du tournoi en 2010, la FIFA ne prévoyait aucune obligation en matière de droits humains dans le chef des organisateurs. Les pays candidats ne devaient donc pas faire preuve du moindre intérêt pour cette question dans leur dossier de candidature.

UNE ÉVOLUTION SALUTAIRE

Les débats qui ont entouré la Coupe du monde au Qatar ont donné lieu à une évolution, avec la reconnaissance par la FIFA de sa responsabilité de prévenir et réparer tout impact négatif sur les droits humains lié à ses activités. De manière concrète, la FIFA a introduit un critère d’évaluation des candidatures à l’accueil de la Coupe du monde basé sur les droits humains.

Alors que la FIFA doit désigner en décembre prochain les pays qui accueilleront la Coupe du monde en 2030 et en 2034, elle doit se conformer à ses propres engagements. Le fait qu’il n’y ait qu’une seule candidature sur la table pour 2030 (la candidature conjointe de l’Espagne, du Portugal et du Maroc, avec également des matches en Argentine, au Paraguay et en Uruguay) et 2034 (celle de l’Arabie saoudite) ne doit pas transformer l’examen des candidatures en une simple formalité. La réglementation de la FIFA précise d’ailleurs que les obligations en matière de droits humains sont « absolument contraignantes », ce qui pourrait conduire la FIFA à ne pas sélectionner un pays ou à revenir sur son choix.

Dans le cadre de leur candidature, les pays souhaitant accueillir la Coupe du monde en 2030 et en 2034 ont dû présenter une stratégie indiquant comment ils prévoyaient de gérer les risques identifiés lors d’une évaluation indépendante de la situation des droits fondamentaux.

ESPAGNE, PORTUGAL ET MAROC : DES DÉFIS RÉELS

Les défis ne manquent pas pour ces pays, par exemple pour les droits du travail, vu le nombre de personnes qui devraient être impliquées dans la construction d’infrastructures, mais aussi dans les secteurs des services, de l’hôtellerie et de la restauration. D’autres risques ont été identifiés par Amnesty International, notamment en ce qui concerne la pression sur le logement et les expulsions, la liberté d’expression et de réunion, le maintien de l’ordre ou le respect de la vie privée.

ARABIE SAOUDITE : LES LIMITES DU SPORTWASHING

Le cas de l’Arabie saoudite sera révélateur de l’engagement de ce pays et de la FIFA à assurer le respect des droits humains. La situation des droits humains sur place est catastrophique, ce que les investissements colossaux des dirigeants saoudiens dans le sport et dans l’image de marque du royaume ne parviendront pas à faire oublier. Pour accueillir la Coupe du monde sans donner lieu à des violations massives des droits humains, l’Arabie saoudite doit procéder à de profondes réformes et doit par exemple changer radicalement son droit du travail, ou encore libérer les activistes et les défenseur·es des droits humains emprisonné·es injustement.

LA FIFA JOUE SA CRÉDIBILITÉ

La balle est à présent dans le camp de la FIFA, qui doit obtenir des engagements des pays candidats visant à prévenir les violations des droits humains et à répondre aux violations qui seraient constatées. Si elle n’y parvient pas, on pourra douter de sa réelle volonté d’organiser un tournoi compatible avec le respect des droits humains.

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