L’empathie, valeur cruciale pour les droits humains
Je m’apprêtais à célébrer avec vous le fait que nos campagnes de sensibilisation à la question des migrants et des réfugiés avaient in fine porté leurs fruits : les récents sondages que nous avions pu consulter nous indiquaient que le nombre de personnes favorables à l’accueil des migrants était en (légère) augmentation. On a dépassé aujourd’hui les 20 %.
Et puis patatras : le journal Le Soir a décidé le 4 mai dernier de publier les résultats d’un sondage réalisé huit mois plus tôt et qu’il conservait dans ses archives. Son titre de première page est sans appel « Un Belge sur deux rejette les réfugiés ». Ce qui compte, c’est la sensation. C’est aussi, indubitablement, la volonté d’intervenir dans une campagne électorale où la question des migrants avait presque disparu.
Mais surtout, lancer des sondages où l’on propose des solutions contraires au droit est un jeu dangereux. Cela relativise l’importance de respecter nos valeurs fondamentales. La porte est aujourd’hui ouverte vers des propositions plus radicales. Pourquoi pas un sondage proposant l’éradication totale des chômeurs ? Ou des personnes handicapées ?
On le voit, nous sommes entrés dans une période noire, où le danger ne vient pas seulement des fake news et des réseaux sociaux. Même nos quotidiens « sérieux » se lancent dans des jeux dangereux — voire mortels pour celles et ceux qui en paieraient les pots cassés.
Heureusement, l’empathie et la volonté de se battre pour les droits humains sont toujours présentes — malgré tout, sommes-nous tentés d’écrire — auprès de bon nombre de nos concitoyens. Reste à le faire savoir et à bousculer les piliers d’une Europe que l’on croyait disparue.