C’est prouvé : la détention d’un enfant, même pour une courte période et même s’il est accompagné de ses parents, peut engendrer chez lui des dommages physiques et psychiques irréparables. Certains enfants en viennent même à mettre fin à leur vie. C’est clair, indéniable et nous n’avons cessé de le marteler.
Aussi, lorsqu’en avril dernier, le Conseil d’État a décidé de suspendre la possibilité de détenir des enfants pour raisons migratoires, nous avons été à la fois satisfait·e·s et déçu·e·s. En effet, principalement motivé par l’inadaptation des conditions de détention — notamment les nuisances sonores dues à la proximité de l’aéroport de Bruxelles-National, cette décision ne consacre aucunement une interdiction de principe. Pourtant, nous le répétons : un centre fermé adapté aux besoins des enfants n’existe pas et ne peut exister.
700 panneaux, une cage et 50 000 signatures
Parce qu’il s’agit d’une pratique à laquelle la Belgique doit définitivement mettre fin, nous avons continué de sensibiliser et de mobiliser le public, et, quinze jours avant les élections, nous avons préparé une petite surprise au gouvernement afin qu’il se rende compte de l’ampleur de l’indignation.
Le 10 mai, à 6 h du matin, nous avons disposé dans le Parc royal de Bruxelles, face au Parlement fédéral, des photographies de 700 panneaux de localités accompagnés d’une plaque précisant qu’« Ici, comme ailleurs, on refuse l’enfermement d’enfants innocents ». Particularité de ces clichés : ils ont tous été réalisés par des militant·e·s d’Amnesty ! Parallèlement, une cage contenant des objets liés à l’enfance a également été installée dans le parc pour symboliser la cruauté de cette pratique.
Cette action « guérilla » achevée, nous nous sommes préparé·e·s à la deuxième partie de l’opération, à savoir la rencontre avec le cabinet du Premier ministre. Forts des quelque 50 000 signatures récoltées dans le cadre de la campagne « On n’enferme pas un enfant. Point. », nous avons pu ainsi mettre en avant la nécessité impérieuse d’inscrire dans la loi l’interdiction inconditionnelle de la détention des enfants pour des raisons migratoires. L’importance de mettre en place des mesures alternatives plus respectueuses des droits de l’enfant — qui sont aussi moins coûteuses et plus efficaces — a également été au centre des discussions.
Une intense mobilisation
À l’heure où nous écrivons ces lignes, les élections approchent à très grands pas, et bien inspiré qui pourrait en deviner l’issue… En ce qui nous concerne, nous avons pris les devants et des représentant·e·s de la campagne « On n’enferme pas un enfant. Point. » ont rencontré différents partis francophones et néerlandophones afin de leur remettre les signatures de la pétition et obtenir des engagements de leur part pour que l’enfermement d’enfants innocents en Belgique soit définitivement relégué dans les livres d’histoire.
Ce 10 mai, notre campagne a atteint son climax. Ce jour a été l’aboutissement d’un travail énorme, d’un investissement intense. Au cours des derniers mois, ce sont plus de 65 000 affiches informatives et 46 000 autocollants qui ont été distribués, 50 000 signatures qui ont été récoltées, 700 localités dans lesquelles des militant·e·s ont affiché leur opposition à l’enfermement des enfants. Tout cela n’aurait pas été possible sans les militant·e·s d’Amnesty. Cela montre une fois de plus que, ensemble, nous pouvons faire entendre notre voix et faire bouger les choses.