Les organisations qui luttent pour l’environnement et contre le changement climatique sont souvent vues comme préférant les ours polaires et les arbres aux êtres humains. Pourtant, le changement climatique est « l’un des plus grands défis de notre temps en matière de droits humains », selon les Nations unies. Il a en effet des conséquences sur l’ensemble des droits humains, en particulier les droits à la vie, à la santé, à l’hébergement, à un niveau de vie suffisant, à l’alimentation, à l’eau et à l’assainissement, ainsi qu’à l’autodétermination des peuples.
Par ailleurs, il touche de manière disproportionnée les populations les plus pauvres ou victimes de discrimination, en particulier les femmes et les peuples autochtones.
Une inaction criminelle des états
Septante ans après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, force est de constater que l’inaction des États face aux effets grandissants du changement climatique porte atteinte à ces valeurs et à nos droits fondamentaux. Les risques de famine augmentent drastiquement, pendant que les ressources en eau diminuent de manière alarmante — le risque de déplacement pourrait bientôt atteindre des proportions catastrophiques. Les tempêtes, les inondations, l’élévation du niveau de la mer et les sécheresses vont avoir des répercussions sur un nombre toujours plus élevé de personnes, partout dans le monde.
Il nous appartient d’empêcher que la situation ne s’aggrave encore. Si nous parvenons à maintenir le réchauffement planétaire en dessous de 1,5 °C par rapport au niveau de la période préindustrielle, nous pouvons encore enrayer les pires conséquences du changement climatique sur les droits humains.
L’apport d’amnesty
D’autres organisations mènent depuis des années déjà un combat acharné pour que les États prennent leurs responsabilités et réduisent leurs émissions. L’action d’Amnesty International est complémentaire de ces initiatives.
Il s’agit, d’une part, de mieux documenter, par le biais de recherches, l’impact du changement climatique sur les droits humains dans différentes régions du monde ; d’autre part, de veiller à ce que les États et les entreprises soient tenus de rendre des comptes pour tous leurs manquements, mais aussi pour toutes les violations des droits humains commises dans le cadre d’actions prises en faveur d’une atténuation du changement climatique.
En mai 2018, nous avons ainsi dénoncé la dépossession brutale, au Kenya, du peuple sengwer de ses terres ancestrales dans le but de réduire la déforestation frappant la forêt Embobut. De même, nous dénonçons le fait que près de la moitié du cobalt utilisé dans les batteries des voitures électriques (présentées comme « la » solution contre la pollution automobile) est extraite en République démocratique Congo (RDC) dans des conditions déplorables, souvent par des enfants.
Il est enfin à noter que les droits des activistes de l’environnement sont gravement menacés dans de nombreuses régions du monde. En raison de leur engagement, ils·elles sont intimidé·e·s, harcelé·e·s, voire assassiné·e·s. Face à cette situation, nous agissons pour assurer que les États les protègent et punissent les auteurs de violence à leur encontre.
Vous l’aurez compris : le climat est l’enjeu de demain, un combat de droits humains… qui ne se mènera pas sans nous.