Edito « Et si on parlait d’autre chose ? »

C’était mon intention au moment d’écrire cet édito. Et puis est arrivé le cas de Liu Quiaochu. Cette défenseure chinoise contre les violences faites aux femmes a été à plusieurs reprises la cible d’un véritable harcèlement policier fondé sur des manoeuvres d’intimidation et d’entrave à son activité. Son compagnon, Xu Zhyiong est lui aussi surveillé par les autorités. Liu Quiaochu a été assignée à résidence et risque d’être torturée. C’est qu’elle avait — entre autres — lancé des recommandations concernant l’augmentation des violences contre les femmes suite au confinement.

Chassez le coronavirus, il revient au galop.

Liu Quiaochu est comme ces nombreuses photos argentiques (développées sur papier, à l’ancienne) qui ont surgi avec le coronavirus. Ce dernier a réagi comme un révélateur de l’état des droits humains dans les sociétés qu’il impacte. Cela va de la Chine, avec un durcissement — encore ! — de la répression à l’égard de certaines minorités et des opposant·e·s politiques, jusqu’à la Hongrie (cinq ans de prison pour tout journaliste qui ne suivrait pas la ligne du pouvoir), en passant par les Philippines et bon nombre d’autres pays. Même la Belgique requiert toute notre attention, avec ses bases de données à destinée parfois orwellienne.

Surtout, ce virus a permis de mettre en évidence des injustices sociales déjà existantes (pauvreté, inégalités dans l’accès à l’enseignement, droit à la santé bafoué, situation précaire de travailleurs dans de nombreux secteurs…). Et la crise économique qui s’enclenche risque de voir tout cela se renforcer encore si des mesures pilotées par les droits fondamentaux ne sont pas mises en place. « Les Belges vont être globalement plus pauvres », déclarait récemment le patron de la Banque Nationale de Belgique. Ce n’est peut-être pas un problème si ces richesses, même diminuées, sont mieux utilisées pour respecter des droits de base. Sans parler des mesures indispensables à prendre pour mieux respecter notre planète ; le confinement nous permet paradoxalement de tracer déjà des pistes efficaces.

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