Qu’est-ce qui vous a poussé·e·s à rejoindre le groupe Amnesty de votre école ?
A. : En tant que personne noire, la discrimination a toujours fait partie de ma vie. Je suis particulièrement sensible au féminisme et aux luttes contre les injustices ; rejoindre Amnesty International était une évidence.
E. : Contrairement à Anna, je n’ai pas subi de discriminations, mais j’ai grandi dans une famille engagée. J’ai rejoint le groupe parce que je pense que toutes les luttes sont liées, même si c’est la cause climatique qui me touche le plus.
Quelles actions menez-vous avec vos groupes ?
E. : On participe à PADAJA [« Pas d’accord, j’assume ! » est un programme d’actions proposé par Amnesty International aux jeunes de Wallonie et de Bruxelles, NDLR] ; le thème de cette année, c’est le droit de la guerre. Dans ce cadre, on fait signer des pétitions et on distribue des affiches pour sensibiliser les élèves à la défense des droits humains même en temps de guerre. On vend aussi des bougies en décembre et cette année, on participe au concours d’éloquence organisé par Amnesty International et la Fédération d’éloquence belge (Felobel).
A. : On anime des visites d’expositions d’Amnesty International pour les élèves, on se rend dans les classes pour présenter des situations de violations des droits humains, on organise la vente de bougies et on participe au concours d’éloquence, des projets pour lesquels j’essaie de mobiliser mes ami·e·s.
Quels impacts ont vos actions autour de vous ?
A. : J’ai l’impression que les points de vue de ma famille et de mes ami·e·s ont évolué. Parfois les gens ont peur de s’engager, par crainte de voir leur nom associé à une pétition. Le marathon des lettres, lui, marche très bien ; c’est gratifiant de voir que ces lettres sont lues et d’apprendre que des personnes injustement emprisonnées ou accusées sont libérées et acquittées grâce à cette action. Ma mère est fière de moi et à l’école aussi je reçois des marques de reconnaissance ; j’ai même reçu le prix de l’engagement !
E. : Dans mon école aussi j’ai parfois du mal à mobiliser. Tout le monde ne comprend pas notre intérêt pour les problèmes internationaux. Mes ami·e·s rejoignent plus volontiers des ONG moins dérangeantes (rires). Au final, je sais que mon entourage est fier, surtout mon grand-père.
Que vous apporte votre engagement au sein du conseil des jeunes d’Amnesty ?
A. : Je me sens plus proche de l’organisation, pas juste une « simple » membre d’un groupe école. Le « Week-end des droits humains » [réunion sur un week-end de jeunes activistes francophones de quatre pays pour renforcer leurs connaissances en matière de droits humains, NDLR] a été un déclic pour moi, après la rencontre touchante avec le fils du prix Nobel de la paix en 2023, Narges Mohammadi, et d’autres jeunes activistes aussi engagé·e·s que moi. C’est motivant de voir qu’on n’est pas seul·e·s dans notre engagement !
Quel message adresseriez-vous aux jeunes qui veulent s’engager ?
A. : Je leur dirais que ce n’est pas si compliqué ! On n’a pas besoin d’être un·e expert·e en droits humains, tout le monde peut agir à son échelle. Nous ne sommes pas des « fous de l’activisme », mais des gens normaux !
E. : J’aimerais dire que l’engagement peut être fun tout en étant utile ! On s’amuse, on se fait des ami·e·s et, après une manif, on va manger ensemble. Il faut que l’activisme redevienne quelque chose de cool.
À seulement 16 et 17 ans, Eliot Docquir et Anna Mpoy sont des voix engagées pour les droits humains. Élèves au Collège Saint-Hubert de Watermael-Boitsfort et à l’Institut de la Vierge Fidèle de Schaerbeek, il et elle militent activement au sein du groupe Amnesty de leurs écoles et sont membres du conseil des jeunes d’Amnesty, qui rassemble près de dix jeunes de 15 à 22 ans engagé·e·s pour les droits humains.Très actif·ve·s à travers divers projets citoyens, Anna et Eliot montrent qu’il n’y a pas d’âge pour s’engager.