Je me suis intéressée au travail d’Amnesty sur les droits sexuels et reproductifs à travers des activités de sensibilisation que la section du Burkina a menées dans ma cité [universitaire] au profit des étudiantes en novembre 2012.
Les droits sexuels et reproductifs sont reconnus à toute personne. Ils protègent l’accès en temps opportun à des services de santé et d’information fiables, gratuits et confidentiels. Ces droits doivent protéger la dignité humaine, l’intégrité physique et le libre arbitre concernant son propre corps.
LES GROSSESSES NON PLANIFIÉES
Mon amie était en classe de 3e quand elle est tombée enceinte parce qu’elle n’avait pas reçu suffisamment d’informations sur la sexualité avant le début de sa vie sexuelle. Son partenaire également n’était pas mature. Ses parents ne l’ont pas du tout soutenue. Bien au contraire, ils l’ont mise à la porte sous prétexte qu’une fille qui tombe enceinte hors mariage n’a plus le droit de vivre dans sa famille.
À cause de toute cette pression et du fait qu’elle n’était pas non plus prête à assumer la grossesse, le couple a décidé de pratiquer un avortement clandestin. Dans son cas, l’avortement n’était pas légal. Après l’échec de quatre tentatives d’avortement aux méthodes dangereuses, mon amie a failli perdre la vie.
[Finalement,] elle a pu accoucher d’un garçon qui aura bientôt deux ans. Elle parle de son histoire sans gêne et à visage découvert dans le but de sensibiliser, mais cela a marqué véritablement sa vie puisque, depuis lors, elle est déscolarisée et n’a pas trop de considération dans sa famille.
LES OBSTACLES À L’INFORMATION
Les jeunes obtiennent des informations sur la sexualité entre amis, ainsi que dans les associations et les clubs qui militent dans la lutte contre les infections sexuellement transmissibles et le VIH/sida et qui offrent des services de planification familiale.
La proportion des jeunes qui ont accès à l’information en matière de santé sexuelle et reproductive est minime. Le nombre de services est insuffisant, ils peuvent donc être vite débordés. La pauvreté empêche aussi certains jeunes d’aller vers ces services. D’autres jeunes ne savent même pas que ces services existent ou bien ils ne leur font pas du tout confiance. Néanmoins, en matière d’accès à l’information et aux services de santé [sexuelle], les jeunes des grandes villes comme Ouagadougou [la capitale] sont très privilégiés par rapport à ceux des zones rurales.
Les problèmes de droits sexuels et reproductifs des jeunes au Burkina Faso sont entre autres l’absence d’accès à l’information et à des services de santé, le mariage forcé, l’influence sociale concernant le choix du partenaire et le moment du mariage, les mutilations génitales féminines, le viol, les infections sexuellement transmissibles et le VIH/ sida.
FAITES PASSER LE MESSAGE, BRISEZ LE TABOU
Pour résoudre ces problèmes, il faut combattre l’ignorance autour de ce sujet. Il faut procéder à une sensibilisation et s’assurer que les personnes qui ont déjà l’information sur les droits sexuels la partagent avec les autres. Il faut faire circuler les informations sur la sexualité de bouche à oreille ; il faut également encourager le volontariat des jeunes afin qu’ils soient les points focaux pour l’accès à l’information dans les différentes localités, même les plus reculées. Je propose aussi que le gouvernement inclue dans les programmes scolaires des matières sur la sexualité et la reproduction.
Il faudrait sensibiliser les parents et les adultes pour qu’ils soient plus à l’aise pour aborder le sujet avec leur enfant. On pourrait, pourquoi pas, utiliser les réseaux sociaux. Il faut aller dans les milieux des jeunes comme les écoles, les universités, les marchés… pour sensibiliser.
POUR EN SAVOIR PLUS >>> Amnesty Burkina Faso fait campagne en faveur de l’accès pour tous aux services de santé sexuelle et reproductive et à l’information en la matière. Vous trouverez de plus amples informations en cliquant ici. |