La petite-fille de Mamana Bibi, Nabeela (ci-dessus à gauche), se souvient : « Le souffle de l’explosion m’a renversée. Il était si puissant que j’ai été projetée en l’air avant de tomber par terre. » Elle s’est ensuite aventurée sur le lieu où sa grand-mère se trouvait plus tôt dans la journée. « J’ai vu ses chaussures. Peu après, nous avons retrouvé son corps mutilé. L’explosion l’avait propulsé assez loin et il était déchiqueté. Nous avons ramassé tous les morceaux que nous avons pu retrouver dans le champ et les avons enveloppés dans un linge. »
Plus d’un an après, les proches de Mamana Bibi attendent toujours de voir le gouvernement américain reconnaître qu’un de ses drones a tué cette femme. Inutile de dire que justice ne leur a pas été rendue et qu’aucune réparation ne leur a été accordée pour sa mort.
Difficile d’imaginer comment on pouvait prendre Mamana Bibi pour un insurgé taliban ou un membre d’Al Qaïda. Le secret quasi-total qui entoure le programme des drones américains voue à l’échec la moindre tentative de trouver une réponse à cette question. Il empêche également que les responsables soient tenus de rendre des comptes ou que les victimes et les membres de leur famille obtiennent justice et réparation.
Le programme des drones américains s’est exposé à la controverse dès sa première attaque connue au Pakistan, en 2004. Il continue de donner à craindre que les États-Unis ne tuent des personnes en dehors du cadre du droit international. « Will I be next ? », important rapport d’Amnesty International sur les attaques de drones américains au Pakistan, a mis au jour des éléments qui tendent à montrer que des enfants, des hommes et des femmes — dont Mamana Bibi — sont blessés ou tués en toute illégalité lors d’attaques qui constituent peut-être des crimes de guerre ou des exécutions extrajudiciaires.
Il incombe au gouvernement américain d’expliquer comment il peut justifier l’homicide de Mamana Bibi — et tous les autres. Il doit dire la vérité sur son programme de drones, y compris sur les fondements juridiques de ses attaques.
Le Pakistan aussi est responsable, puisque les droits des victimes des attaques de drones ne sont ni protégés, ni appliqués. Alors que les gouvernements successifs ont condamné publiquement ces attaques sur leur territoire, des éléments de l’État continuent peut-être d’y participer. Le Pakistan doit mener des enquêtes indépendantes et impartiales sur les attaques de drones et garantir l’accès des victimes des violations de droits humains à la justice et à des réparations. D’autres États, comme l’Allemagne, l’Australie et le Royaume-Uni, sont accusés d’avoir contribué secrètement au programme des drones américains.
En attendant, la famille de Mamana Bibi doit panser les blessures physiques et psychologiques laissées par sa mort violente. Son fils Rafeequl Rehman affirme : « Ma fille [Asma] est prise de brusques crises d’angoisse et me dit qu’elle va se faire tuer. Elle vit dans une peur constante. »
« Ma grand-mère me manque, affirme Asma, sept ans (ci-dessus à droite). Elle nous donnait de l’argent de poche et nous emmenait partout avec elle. »
Nous ne pouvons pas faire revivre Mamana Bibi et la rendre à ses petits-enfants, mais nous pouvons exiger du gouvernement américain qu’il réponde de ses actes.
AGISSEZ >>> Publiez le tweet suivant : Pourquoi Mamana Bibi a-telle été tuée au #Pakistan ? Obama @WhiteHouse doit donner des réponses. www.amnestyusa.org/drones CC @SenFeinstein |