Les 3 000 habitants du quartier informel de Paga Hill – à Port Moresby, capitale de la Papouasie-Nouvelle- Guinée – sont menacés d’expulsion forcée depuis 2012. Le 12 mai de cette année-là, alors qu’un recours contre l’expulsion prévue était en instance de jugement, des policiers ont délogé plus de 100 habitants sous la menace de leurs armes. Une vingtaine d’habitations ont été détruites. Comme beaucoup d’autres, Joe Moses, responsable communautaire, est retourné à l’emplacement de sa maison démolie et y a installé une tente, déterminé à rester à l’endroit qu’il considère comme chez lui. Il nous explique pourquoi.
« S’ils veulent aménager Paga, les autorités et le promoteur, quel qu’il soit, doivent venir pour comprendre pourquoi des gens se sont installés ici, combien nous sommes et pourquoi nous voulons y rester. Ils doivent prendre conscience des droits fondamentaux des habitants actuels de Paga.
Or, il ne se passe rien de pareil. Ils s’enferment derrière des portes, ils passent des marchés et ils s’imaginent qu’ils peuvent nous écraser. Ils n’ont pas le droit de faire ça.
Nous sommes là depuis si longtemps. Nous avons créé des petits commerces, des entreprises. Comment allons-nous repartir de zéro lorsqu’ils commenceront à nous déplacer ? [Il y a des gens qui] vivent sur la mer. C’est leur mode de vie. Ils pêchent du poisson puis le vendent au marché. Il y a d’autres gens, comme nous, qui vivent à un endroit où on peut facilement prendre le bus, aller travailler, où nos enfants peuvent aller à l’école. Les transports publics seront un gros problème si nous sommes relogés ailleurs.
Paga est l’un des meilleurs quartiers de Port Moresby en termes de qualité de l’habitat. C’est un quartier viable. Les jeunes participent à différents programmes. Nous avons du yoga, des activités religieuses. Nous sommes une communauté pleine de vie. »