Trois ans de guerre au Yémen : La Wallonie continue d’armer des criminels

Le 25 mars prochain, cela fera trois ans que l’Arabie saoudite a initié sa guerre sanglante au Yémen. Et cela n’empêche pas certains de continuer à lui vendre des armes, comme la Wallonie, qui couvre de toujours plus de sang les plumes du coq hardi. Nous nous battons pour que la Région wallonne cesse ses ventes immorales. C’est un combat qui suscite beaucoup de questions, parfois difficiles, que nous avons posées à notre campaigner, Zoé Spriet-Mezoued

1. Pourquoi dites-vous que la Région wallonne prend le risque d’être complice de violation des droits humains ?

Le transfert d’armes est très contrôlé, selon des procédure rigoureuses. La procédure qui permet d’octroyer une licence d’exportation est en fait très opaque. La Région wallonne publie un rapport par an dans lequel ne figure pas le nombre d’armes exportées, ni l’analyse de la situation des droits humains dans le pays.
En outre, en ce qui concerne l’accord ou le refus d’une licence, le gouvernement wallon dispose d’un pouvoir discrétionnaire. Il est uniquement guidé par une commission d’avis dont il règle lui-même le fonctionnement. Le Ministre-Président a toujours le dernier mot et décide, seul, si la vente aura lieu ou pas.

2. L’Arabie saoudite est le principal client de la FN Herstal. Que faites-vous des centaines, voire des milliers d’emplois qui seraient menacés ?

En 2016, les ventes à l’Arabie saoudite ont été largement inférieures aux autres années (500 millions en 2015 contre 30 millions en 2016 !). Cela n’a pourtant pas eu de conséquences sur l’emploi à la FN Herstal. La Région wallonne n’a jamais produit d’étude sérieuse sur l’impact social d’une suspension des ventes aux Saoudiens. Par ailleurs, la Wallonie pourrait, du jour au lendemain, perdre le marché. L’Arabie saoudite est en train d’augmenter sa propre production d’armes et elle a par exemple passé en 2017 des accords d’armements pour 110 milliards de dollars avec les États-Unis. La dépendance à un seul client est dangereuse. La Région wallonne doit être capable de trouver au plus vite d’autres débouchés (comme… la police belge, qui achète des armes en Allemagne ou en Autriche pour des montants se chiffrant en millions d’euros).

3. Si ce n’est pas nous qui vendons des armes aux Saoudiens, d’autres le feront à notre place ! Les Chinois et les Américains seront moins regardants et les violations seront quand même commises…

À l’échelle de l’Union européenne, si un Etat membre décide d’un embargo en raison d’un risque de violation des droits humains ou du droit international humanitaire dans le pays destinataire, alors cet embargo doit être appliqué par tous les autres Etats de l’UE pour le même type d’armes. Donc dire : « si ce n’est pas nous, ce seront d’autres » ne tient pas au sein de l’UE.

En ce qui concerne le « reste du monde », d’autres pays moins scrupuleux seront toujours prêts à vendre des armes à n’importe qui. Mais voulons-nous ressembler à la Chine de Xi Jinping ou à l’Amérique de Donald Trump ? Le rôle de la Belgique, un État qui se présente comme désireux de respecter et faire respecter les droits humains, est de montrer l’exemple. C’est grâce au positionnement de pays courageux que, petit à petit, des pratiques néfastes ont pu être bannies au niveau mondial.

4. Willy Borsus, le Ministre-Président de la Région wallonne, a dit qu’il était en faveur d’un embargo sur l’Arabie saoudite, s’il est pris au niveau européen. Cela ne vous suffit pas ?

Demander la mise en place d’un embargo, c’est reconnaître de facto que la situation des droits humains n’est pas favorable à l’exportation d’armes. Cet embargo reposerait en effet sur l’application de la loi wallonne, qui stipule que la Région ne peut vendre une arme s’il a un risque manifeste qu’elle soit utilisée pour violer les droits humains. Demander que cet embargo – et donc l’application de la loi wallonne – ne soit pris que si d’autres pays font de même, est tout à fait illégal. Cela démontre, s’il fallait encore le prouver, que le jeu politique de la Région wallonne l’emporte sur le respect de la loi et des droits humains.

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