« Quand le matin je me réveille, je dis à yalda : “nous sommes à liège !” »

Hamid et Yalda

De retour en Belgique après avoir été injustement détenu en Iran, Hamid Babaei, accompagné de son épouse Yalda Parsajoo, a pu rencontrer par écrans interposés une soixantaine de militant·e·s d’Amnesty International. Retour sur une histoire peu commune et un moment riche en émotions.

Balayée par une vague de froid polaire, la Belgique, déjà étourdie par une pandémie qui ne cesse de se prolonger, est en état de quasi-hibernation en cette soirée du 8 février 2021. Cependant, sous plusieurs toits wallons et bruxellois, une certaine fébrilité règne. En effet, ce lundi soir, sur les coups de 20 heures, une soixantaine de miltant·e·s d’Amnesty International vont enfin faire connaissance avec le couple qu’il·elle·s ont soutenu pendant six années : Hamid Babaei et Yalda Parsajoo.

Six années d’ardente mobilisation

Si la présence d’un couple iranien à Liège peut paraître originale, celle de ce couple-là est elle extraordinaire tant l’espoir de le voir revenir sur ses terres d’adoption paraissait presque insensé.

Pour bien comprendre d’où Hamid et Yalda viennent, il faut remonter à l’été 2013 lorsque, sur le tarmac de l’aéroport de Téhéran, le jeune homme qui poursuivait une thèse de doctorat à l’École de gestion de l’Université de Liège (HEC) est arrêté. Que peut-on bien lui reprocher ? D’après les autorités iraniennes, il est coupable d’« atteinte à la sécurité nationale par la communication avec des États hostiles », notamment la Belgique. En réalité, il a refusé de céder aux pressions du ministère du Renseignement iranien, qui lui demandait d’espionner d’autres étudiant·e·s iranien·ne·s en Belgique.

Rapidement, Yalda donne l’alerte et commence à faire campagne pour la libération de son mari, ce qui lui vaut d’avoir elle aussi des ennuis avec les autorités iraniennes. Parallèlement, la machine Amnesty se met en route et, sans tarder, les militant·e·s de l’organisation se mobilisent, tout comme de nombreux·se·s étudiant·e·s, les universités belges francophones, des écoles à Bruxelles et en Wallonie, des villes et des communes, etc.

Cette lutte se poursuivra six longues années jusqu’à ce que, un jour d’août 2019, la nouvelle tombe : Hamid a été libéré. Le cauchemar peut enfin laisser la place aux rêves, notamment celui de reprendre ses études à HEC.

Le retour à liège, enfin

Comme l’a confié Hamid face à la mosaïque de visages constellant son écran : « quand le matin je me réveille, je dis à Yalda : “nous sommes à Liège !” ». Sentiment d’incrédulité bien compréhensible tant l’espoir de revoir un jour la « cité ardente » était ténu.

En effet, outre la libération de Hamid — qui était loin de couler de source —, le couple a dû patienter de longs mois avant de pouvoir obtenir de nouveaux passeports leur permettant de rejoindre la Belgique.

Aujourd’hui, Hamid et Yalda ont repris leur existence là où il·elle·s l’avaient laissée. Enfin, pas tout à fait, car cette épreuve a fait évoluer leur vision de la vie. « Je ne me préoccupe plus des choses sans importance, tranche Hamid. J’essaie d’être gentil avec les gens, de rendre les autres heureux. J’essaie de profiter de la vie aussi. La liberté a une valeur, il faut s’en rendre compte ». Quant à Yalda, après avoir longuement côtoyé des familles de prisonnier·ère·s, elle a maintenant le désir de les aider encore plus qu’elle ne le faisait déjà au moment où son mari était incarcéré.

Avec des mots empreints de gentillesse et de douceur, Hamid et Yalda ont tenu à remercier une nouvelle fois toutes les personnes qui les ont soutenu·e·s. Et avec détermination et fermeté, il·elle·s n’ont pas non plus manqué de rappeler à quel point il était important d’agir pour la défense des droits humains, en particulier pour ceux des personnes injustement emprisonnées. Ne serait-ce que pour admirer le tendre sourire de personnes comme Hamid et Yalda, cela en vaut assurément la peine.

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