Les maison de repos dans l’angle mort de la Covid-19

Les maisons de repos en période Covid

En novembre dernier, un rapport d’Amnesty International sur les violations des droits humains subies par les résident·e·s des maisons de repos en Belgique a produit un véritable choc. Dans le sillage de ces révélations, Amnesty a présenté ses recommandations à plusieurs acteur·rice·s politiques et lance maintenant une nouvelle pétition.

C’est la section britannique d’Amnesty qui, en octobre 2020, a lancé la première le pavé dans la mare en publiant un rapport sur les graves violations des droits humains qu’ont subi les résident·e·s des maisons de repos au Royaume-Uni au début de la pandémie. Dans les semaines qui suivirent, de nouveaux rapports produits par plusieurs sections nationales d’Amnesty allaient révéler que la situation n’était guère plus réjouissante dans d’autres pays européens... dont la Belgique.

Les droits à la santé et à la vie bafoués

Au 23 octobre 2020, sur les quelque 10600 personnes décédées en Belgique suite à une contamination à la COVID-19, 6467 étaient des résident·e·s de maisons de repos et de maisons de repos et de soins (MR/MRS), soit 61,3% de tous les décès attribués à la COVID-19 dans le Royaume.

Ces chiffres faramineux sont la conséquence désastreuse du manque de réactivité des gouvernements belges dans les premières semaines de la pandémie, tandis que la maladie faisait des ravages dans les MR/MRS. Bien que la COVID-19 présente des risques plus élevés pour les personnes âgées, et malgré la connaissance de ces risques évidents, les autorités ont échoué à mettre en place des mesures rapides et suffisantes pour protéger non seulement les résident·e·s, mais aussi le personnel. Suppression des visites des médecins traitants, insuffisance des soins, des prises en charge et des tests, sont autant de manquements qui ont conduit à la détérioration de la santé et au décès d’un grand nombre de résident·e·s.

Des manques structurels criants

La pandémie a mis en lumière et renforcé des manques qui préexistaient. Avant la crise, le secteur des MR/MRS ne disposait déjà pas des moyens adéquats pour garantir que les droits humains des résident·e·s soient entièrement respectés. Lorsque la COVID-19 a fait irruption dans les MR/MRS, ce sont des équipes en sous-effectif qui ont dû y faire face, avec des moyens limités et sans préparation suffisante.

Durant cette période où toute visite était interdite, les inspections ont été suspendues, et ce, malgré un nombre accru de plaintes déposées durant cette période. Cette situation a poussé Amnesty international à analyser le système de contrôle des MR/MRS, qui est inadéquat.

La pandémie a finalement souligné le manque global de considération accordée à la participation, au bien-être et à la dignité des personnes âgées. Les MR/MRS peuvent ainsi être synonymes d’isolement, de solitude, de mauvais traitements. Et cela aussi peut être mortel.

Ce que demande amnesty

Amnesty International a déjà présenté les recommandations du rapport à la ministre wallonne de la Santé, ainsi qu’à son homologue bruxellois. L’organisation a également été auditionnée au parlement wallon et a rencontré l’agence wallonne en charge, notamment, du contrôle des MR/MRS. Il faut aller plus loin, et c’est pourquoi Amnesty International lance une pétition adressée aux autorités, en collaboration avec plusieurs organisations de la société civile. Il est urgent que les autorités belges regardent en face les conditions de travail du personnel et les conditions de vie des résident·e·s des MR/MRS.

La priorité doit être donnée aux efforts visant à respecter, protéger et rendre effectifs les droits humains des résident·e·s des MR/MRS, tout en assurant que les personnes âgées aient leur mot à dire dans les décisions qui les concernent.

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