Il y a 40 ans, Amnesty International annonçait sa campagne en faveur de l’abolition de la peine de mort dans le monde.
En décembre 1977, la Déclaration de Stockholm soulignait l’incompatibilité de la peine de mort avec les principes des droits humains : un acte révolutionnaire et très controversé pour l’organisation. À l’époque, la France venait de procéder à une exécution et seuls 16 pays avaient aboli la peine capitale.
Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à 105 États. Des progrès énormes et mesurables continuent d’être faits.
- © Miikka Pirinen / Amnesty Finland - Il y a deux ans, nous apprenions avec joie que Moses Akatugba bénéficiait d’une grâce totale. Plus de 16 000 signatures avaient été collectées en sa faveur en Belgique francophone
UN COMBAT ININTERROMPU
L’opposition inconditionnelle d’Amnesty International à la peine de mort en toutes circonstances et sans aucune exception a maintenu l’organisation en première ligne du combat pendant quatre décennies. Dès le début, nous avons effectué un travail minutieux de suivi des condamnations à mort individuelles et des exécutions et, depuis 1979, publié des statistiques annuelles.
Nous avons milité sans relâche sur des cas emblématiques qui ont clairement mis en évidence la nature intrinsèquement injuste de la peine de mort, à l’instar de Troy Davis, un jeune afro-américain condamné à mort dans l’État de Géorgie, finalement exécuté en 2011. Son cas a permis de remettre en avant la nécessité de lutter contre l’application arbitraire de la peine capitale aux États-Unis. Plus récemment, notre organisation a agi massivement en faveur du Nigérian Moses Akatugba, âgé de 16 ans au moment des faits qui lui étaient reprochés et torturé jusqu’à ce qu’il signe des « aveux ». En 2015, il a bénéficié d’une grâce totale. Plus de 16 000 signatures avaient été collectées en Belgique francophone, notamment dans les écoles.
Une part essentielle de notre travail pendant ces 40 années a consisté à plaider en faveur de l’abolition dans divers pays, avec un certain succès. Ainsi, le 1er juillet, un nouveau Code pénal supprimant totalement la peine capitale est entré en vigueur en Mongolie. En Belgique, bien qu’elle ne soit plus appliquée depuis août 1950, la peine capitale a été maintenue dans les textes jusqu’en 1996. Pour que l’abolition soit inscrite définitivement dans les textes de loi, nous avons milité de façon continue, notamment en faisant pression sur les parlementaires.
- Troy Davis fait partie des victimes — trop nombreuses — de la peine capitale. En 2008, nous nous mobilisons pour dire non à son exécution devant le Palais de justice de Bruxelles.
Amnesty International a également soutenu le mouvement abolitionniste au niveau international. Elle a par exemple été l’un des membres fondateurs de la Coalition mondiale contre la peine de mort en 2002 et a aidé à la création d’un Réseau asiatique
de lutte contre la peine de mort en 2006. En outre, l’action de l’organisation au sein de l’ONU a permis l’élaboration d’un moratoire sur les exécutions.
UNE ACTION ENCORE ET TOUJOURS NÉCESSAIRE
Alors que le monde se dirige progressivement vers l’abolition totale, le travail d’Amnesty n’en demeure pas moins essentiel.
À l’heure actuelle, les législations de 58 pays autorisent la peine de mort et certains l’appliquent encore. Un retour en arrière reste toujours possible, comme l’indiquent actuellement les annonces de réintroduction de la peine de mort aux Philippines ou en Turquie… par la volonté du chef d’État. C’est aussi le cas des Maldives, où règne pourtant un moratoire sur les exécutions depuis… 60 ans ! Plus que jamais, la vigilance est de mise et notre action indispensable. Ensemble, faisons reculer plus encore cette pratique inhumaine et inutile.
AGISSEZ AVEC NOUS
Signez notre pétition demandant aux autorités d’abolir définitivement la peine capitale aux Maldives.