Défenseure des victimes du régime mis en place par l’ancien président, elle a grandement contribué à leur donner une voix et, par sa ténacité extraordinaire, à ce que le procès soit mené jusqu’au bout pour que justice soit rendue. À l’approche de l’Université d’été et de la session consacrée à l’Afrique et la justice internationale lors de laquelle elle s’exprimera, nous lui avons posé quelques questions « apéritives ».
Diriez-vous que le procès d’Hissène Habré a marqué un tournant pour la justice internationale en Afrique ?
Oui, car l’affaire était hautement politique.
Il fallait faire comprendre que nous nous inscrivions dans la seule logique de la lutte contre l’impunité, convaincre les gens et trouver des alliés. Cela a pris 17 ans, mais il fut le premier ex-chef d’État à être jugé et condamné à perpétuité, ce qui nous fait penser que la justice pénale internationale va réellement s’installer en Afrique.
Qu’est-ce que le procès d’Hissène Habré a changé en Afrique ?
Beaucoup d’Africains, victimes de graves violations des droits humains, ont depuis le courage de vouloir faire juger les auteurs de ces violations. C’est d’ailleurs l’effet que nous escomptions, que cela serve d’exemple, d’inspiration.
Diriez-vous que le XXIe siècle est celui de l’avènement de l’Afrique ?
Oui, mais avec difficulté. Tous les Africains n’ont pas la même lecture de la lutte contre l’impunité, ni de la promotion et de la défense des droits humains. Toutefois, on parle davantage de ces questions, ainsi que de la protection des défenseurs des droits humains et de l’éradication de la torture.
Quels messages voudrez-vous faire passer aux participants à l’Université d’été ?
Mon message reste toujours le même : luttons ensemble contre l’impunité. Elle est la principale cause de la violation des droits humains.