Le droit international proscrit le recours à la peine de mort excepté pour les crimes les plus graves que sont les homicides volontaires. Pourtant, dans la région Asie-Pacifique, la peine capitale est très souvent appliquée pour des infractions qui n’entrent pas cette catégorie, comme la corruption, ou pour des actes que le droit international ne reconnaît même pas comme des infractions, comme le « blasphème ».
Mais ce que l’on constate également ces dernières années, c’est un recours croissant à la peine capitale pour des infractions liées aux stupéfiants. Quinze pays dans le monde ont exécuté et/ou condamné des individus à la peine de mort pour des crimes liés à la drogue en 2018 et neuf d’entre eux se trouvent en Asie-Pacifique.
Un triste palmarès
La Malaisie est le pays qui a le plus condamné à mort dans des affaires liées à la drogue en 2018 (en dehors de la Chine et du Viêt-nam pour lesquels les chiffres restent secrets), avec 136 peines capitales prononcées. L’abolition de la peine de mort y est discutée, mais toujours pas concrétisée. En mars 2019, l’application obligatoire de la peine de mort pour 11 infractions, dont le trafic de drogue, a tout de même été supprimée.
Au Sri Lanka, alors que la peine de mort n’avait plus été pratiquée depuis 1976, le président a déclaré une Semaine nationale de l’éradication des stupéfiants à l’été 2019 et signé l’ordre d’exécution de quatre condamnés dans des affaires liées aux stupéfiants.
En Indonésie, 81 % de peines ont été prononcées pour des infractions liées aux stupéfiants en 2018 et un tiers d’entre elles visaient des étrangers.
Enfin, la politique menée par le président Rodrigo Duterte aux Philippines est l’une des plus meurtrières de la région. La peine de mort, qui avait été abolie
En 2006, a été rétablie en 2017 dans le contexte de lutte contre la drogue et s’est accompagnée d’une montée en flèche des exécutions extrajudiciaires. Duterte a reconnu que 6600 homicides pouvaient être imputés aux forces de police et que les personnes visées étaient des criminels impliqués dans le trafic de stupéfiants, ce qui justifie leur assassinat.
Les plus faibles dans le viseur
De nombreuses études ont démontré l’inefficacité de la peine de mort pour prévenir la consommation de drogue et en diminuer le trafic. Les Nations unies ont par ailleurs dénoncé une surreprésentation de personnes issues de minorités religieuses ou ethniques et de milieux défavorisés parmi les victimes.
Dans ce contexte, Amnesty plaide pour un remplacement urgent des politiques punitives par d’autres qui permettent
De lutter contre les facteurs socio-économiques qui augmentent les risques de voir une partie de la population se tourner vers des activités liées à la drogue.