GRÈCE : VIOLENCES, DÉTENTIONS ET RENVOIS FORCÉS

Au mépris de leurs obligations en matière de droits humains, les forces grecques guettent la moindre arrivée de réfugié·e·s ou migrant·e·s venu·e·s chercher la sécurité en Grèce pour les renvoyer sommairement en Turquie. Dans de nombreux cas, de manière violente et illégale.

Juillet-Septembre 2021 25 Vingt et un. C’est le nombre de renvois forcés illégaux subis entre juin et décembre 2020 par 16 réfugié·e·s et migrant·e·s avec qui Amnesty International s’est entretenue en vue de la publication en juin dernier d’un rapport accablant pour la Grèce. Dans ce document, Amnesty démontre que cette pratique ne se limite pas au cas de ces personnes, mais que les renvois forcés illégaux opérés dans la violence constituent, de fait, la politique grecque de contrôle des frontières dans la région de l’Evros, à la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie. De nombreuses branches de l’appareil d’État grec se coordonnent étroitement pour arrêter avec brutalité et placer en détention des personnes qui sont venues chercher la sécurité en Grèce, en leur infligeant de nombreuses violences puis en les transférant sur les rives de l’Evros avant de les renvoyer sommairement en Turquie.

TORTURE, MAUVAIS TRAITEMENTS ET DÉTENTION ARBITRAIRE

La grande majorité des personnes interrogées par Amnesty International ont en effet signalé avoir assisté ou été soumises à des violences perpétrées par des représentants de l’État grec. Des coups de bâton ou de matraque, des coups de pied et des gifles ont été infligés, entraînant parfois des blessures graves. Par ailleurs, les hommes ont souvent été contraints à se dénuder pour se soumettre à des fouilles humiliantes et agressives, parfois sous les yeux de femmes et d’enfants. Saif (prénom d’emprunt), un Syrien de 25 ans, a ainsi expliqué aux chercheur·euse·s d’Amnesty que le groupe avec lequel il voyageait était tombé dans une embuscade tendue par des « militaires » et avait été transféré sur les rives de l’Evros, qui délimite la frontière entre la Grèce et la Turquie. Deux personnes du groupe avaient tenté de s’échapper, mais avaient été rattrapées et rouées de coups par l’un des militaires. Saif, qui pensait que l’un de ces hommes avait eu la colonne vertébrale fracturée, a raconté : « il ne pouvait plus bouger du tout, même pas les mains. » Parallèlement, des migrant·e·s et des réfugié·e·s – dont des enfants, des nourrissons et des femmes enceintes – ont été détenu·e·s pendant des périodes allant de quelques heures à plusieurs jours, sans accès à un téléphone, à un avocat, et sans procédures d’enregistrement. À noter que la grande majorité des individus interrogés par Amnesty ont fait état de conditions insalubres et de surpopulation, ainsi que, parfois, d’un manque d’accès à de l’eau potable ou à des toilettes en état de marche.

PENDANT CE TEMPS, FRONTEX FERME LES YEUX

Fait particulièrement interpellant : toutes les personnes avec qui Amnesty est entrée en contact ont été renvoyées de zones où Frontex – l’Agence européenne de gardefrontières et de garde-côtes – disposait d’effectifs importants. Impossible, donc, qu’elle n’ait pas pu être au courant de ces agissements, alors même que cette agence a l’obligation de prévenir les violations des droits humains. Face à cette situation alarmante, Amnesty International appelle Frontex à prendre des mesures pour protéger les migrant·e·s et les réfugié·e·s des violations des droits humains qu’il·elle·s subissent ou risquent de subir. Si Frontex n’est pas en mesure de mener sa mission de façon efficace, elle doit alors suspendre ou cesser ses activités en Grèce.

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