L’édito - Un commerce des armes incontrôlé

© Amnesty international

« Quand elle est sortie, elle était couverte de sang. Elle a toujours deux balles logées dans la tête. »

Aucune mère ne devrait jamais avoir à prononcer des paroles aussi effrayantes à propos de son enfant. Pourtant, une femme m’a raconté, il y a quelques semaines, l’histoire poignante de sa fille de 12 ans, qui a survécu à une attaque meurtrière contre leur village, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, lors des violences qui ont suivi les élections début 2011.

Les armes et les munitions utilisées par les milices dozos qui ont mené cette attaque avaient été introduites illégalement dans le pays via le Burkina Faso, en violation d’un embargo des Nations unies sur les armes en place depuis 2004. Depuis bien avant l’embargo, des armes et des munitions sont livrées de façon irresponsable aux deux camps qui s’affrontent dans le conflit armé ivoirien.

Près de deux ans après cette attaque sauvage, la jeune fille qui était assise à côté de moi souffrait toujours de saignements de nez et de maux de tête – sans parler du traumatisme psychologique qu’elle et sa famille doivent supporter. Outre ces blessures par balle, cette famille a aussi perdu un petit garçon de quatre ans, et la mère a été violée par des hommes armés.

Cette femme n’a pas pu venir témoigner aux Nations unies durant les débats concernant le commerce des armes. Les gouvernements préfèrent d’ailleurs ne pas être confrontés directement aux victimes de leurs politiques scandaleuses. Alors, nous avons choisi d’apporter son témoignage dans cet antre et de le publier partout dans le monde. C’est à cela que nous servons, c’est pour cela que vous vous battez avec nous. C’est bien le moins que nous devons à cette femme et à sa fille.

Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty International Belgique francophone

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