Écrire pour les droits

Quand il suffit d’écrire

Les militants ont battu tous les records lors de l’édition 2012 de notre Marathon des lettres en envoyant plus de 1,6 millions d’appels au respect des droits humains dans le monde.

Collage de photos issues du Marathon des lettres 2012, qui s'est déroulé dans 80 pays, aux quatre coins du monde. Design © Amnesty International

1 600 000 APPELS ENVOYÉS : MERCI !

Noël est généralement une période difficile pour Rosa Franco. À l’approche des fêtes, elle revit la tragédie survenue en 2001, lorsque le corps de sa fille María Isabel a été découvert abandonné dans une rue de la ville de Guatemala.
Malgré le combat de Rosa pour que de véritables investigations aient lieu – et ce, en dépit d’innombrables menaces – l’enquête reste au point mort. Parce que certains indices n’ont pas été recueillis selon les règles, ceux qui ont violé et assassiné María Isabel courent toujours.
Amnesty International fait partie des nombreuses organisations qui agissent avec Rosa afin d’obtenir justice pour María Isabel. Son histoire figurait parmi les 12 cas présentés dans la 10e édition d’Écrire pour les droits, en décembre 2012. Lors de ce Marathon des lettres, des milliers de militants ont envoyé des lettres et des SMS et ont signé des appels pour exhorter les gouvernements à prendre des mesures et faire part de leur soutien aux victimes d’atteintes aux droits humains et à leurs proches.
« J’étais à la maison, en train de préparer le sapin de Noël et le repas, quand on a sonné à la porte. C’était le facteur, il m’apportait un carton rempli de lettres. Toute cette solidarité m’a donné une grande force », a déclaré Rosa. Et les lettres ont continué à déferler.
« Dans la famille, nous sommes surpris que tant de personnes dans le monde s’intéressent à María Isabel, alors que personne ici ne se soucie des meurtres de femmes », a ajouté Rosa. Elle s’apprête actuellement à témoigner devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme au sujet du meurtre de sa fille.

500 lettres par jour

En décembre 2012, quelque chose d’extraordinaire est arrivé à Ales Bialiatski, dans sa cellule d’une prison bélarussienne. Il a reçu jusqu’à 500 lettres par jour, envoyées par des personnes du monde entier.
« J’ai été enseveli sous une avalanche de lettres et de cartes postales, a-t-il expliqué. Je suis infiniment reconnaissant à toutes les personnes qui m’écrivent. Elles ont toutes une chose en commun : la solidarité. »
Ales, président du Centre des droits humains Viasna, a été placé en détention le 24 novembre 2011 pour une durée de quatre ans et demi, en raison de son travail de défense des droits humains au Bélarus. « Ces personnes ne font pas que me soutenir, moi personnellement, elles protestent aussi contre les violations systématiques des droits humains. C’est un message clair et simple qu’elles adressent à tous les Bélarussiens », a-t-il souligné.

Un marathon mondial

C’est en Pologne qu’un petit groupe de militants a organisé pour la première fois Écrire pour les droits, en 2001 ; par la suite, ce marathon est devenu la plus grande manifestation mondiale de défense des droits humains. En décembre dernier, plus de 80 pays y ont participé.
Des personnes se sont réunies dans le centre de Tokyo (Japon) afin de confectionner plus de 1 000 lanternes et de faire ainsi briller les « lumières de l’espoir ». Au Paraguay, des militants ont organisé une course cycliste et recueilli en chemin des signatures pour une pétition. Au Canada, la Tour CN, cinquième structure autoportante la plus haute du monde, a été illuminée le 10 décembre à l’occasion de la Journée des droits de l’homme.
Dans des pays comme le Pakistan et le Nigeria, où la situation des droits humains et le climat politique sont particulièrement instables, des militants ont sollicité l’aide de leur famille, de leurs amis, de leurs collègues et de membres du public.
Au Pakistan, par exemple, Waseem n’a pas pu faire la promotion de l’événement qu’il organisait. Il a toutefois été touché par le soutien des 20 personnes qui avaient eu vent de l’action par le biais de Facebook et se sont présentées à sa séance d’écriture.
Rosa Franco affirme que les cartes et les lettres envoyées par des militants d’Amnesty International lui ont donné l’espoir et l’énergie nécessaires pour continuer à se battre au nom de María Isabel. « J’ai eu envie de faire une exposition pour que tous ceux qui viennent chez moi puissent les voir, sur les murs à côté de la porte d’entrée. »
Le 9 janvier, Roxana Baldetti, vice-présidente du Guatemala, a remercié les personnes du monde entier qui lui ont envoyé plus de 1 000 lettres consacrées à María Isabel. Elle s’est engagée à « améliorer nettement » la situation des habitants du Guatemala, et en particulier celle des femmes et jeunes filles.
Cela prouve, une fois encore, que de simples lettres ont vraiment le pouvoir de changer le monde.

Visionnez notre vidéo sur le 10e Marathon des lettres sur isavelives.be/marathon2012
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