CINQ FAÇONS DE FAIRE TAIRE UN JOURNALISTE 10. CINQ FAÇONS DE FAIRE TAIRE UN JOURNALISTE

Des accusations fabriquées de toutes pièces au harcèlement et même au
meurtre : LE FIL D’AMNESTY examine quelques-unes des méthodes utilisées dans le monde entier pour empêcher les journalistes de révéler des vérités déplaisantes.

Un policier braque son arme sur le photojournaliste Marc Hofer lors de manifestations à Kampala, en Ouganda (mai 2011). Yoweri Museveni, président de l'Ouganda, a traité les journalistes d' « ennemis » parce qu'ils avaient fait connaître un type de protestation consistant à se rendre à pied à son travail pour protester contre la hausse des prix. © AP Photo

1. LES ATTAQUES PHYSIQUES

Dans de nombreux pays, les journalistes sont roués de coups ou même éliminés pour avoir rendu compte de conflits ou formulé des critiques.

Le 20 novembre 2012, un missile israélien a frappé la voiture où se trouvaient le caméraman palestinien Hussam Salameh et le journaliste Mahmoud Ali Ahmad al Koumi. Les deux hommes sont morts. Ils faisaient un reportage pour la chaîne de télévision Al Aqsa sur les attaques israéliennes contre Gaza lors de l’opération Pilier de défense. Les autorités militaires d’Israël ont affirmé qu’ils étaient des agents du Hamas ; Amnesty International a toutefois confirmé que ces journalistes n’étaient affiliés à aucun groupe armé. L’armée israélienne a en outre ciblé des bureaux de presse au cours de ce conflit qui a duré huit jours, et a régulièrement recours à une force excessive contre les journalistes qui couvrent les manifestations de Cisjordanie.

Au Mexique, la Commission nationale des droits humains a signalé au moins neuf meurtres de journalistes en 2012, et de nombreux actes d’intimidation ou agressions. La plupart des cas ne fait l’objet d’aucune enquête. En juin, un journaliste enquêtant sur la criminalité et la corruption politique, Miguel Ángel López Velasco, ainsi que sa femme et son fils, ont été abattus à leur domicile, dans l’État de Veracruz, par des hommes armés non identifiés. Une enquête est en cours.

Au moins 23 journalistes ont été tués en Somalie depuis décembre 2011. De nombreux homicides seraient liés au groupe armé d’opposition Al Shabab.

Un policier anti-émeute frappe Panagiotis Tzamaros, reporter photographe, lors d'une manifestation sur la place Syntagma à Athènes, en Grèce (5 octobre 2011). © REUTERS/Yannis Behrakis

2. DES ACCUSATIONS FORGÉES DE TOUTES PIÈCES

Dans de nombreux pays, il est courant d’imputer à des journalistes des infractions pénales telles que la détention de stupéfiants ou la fraude fiscale pour des raisons politiques et sur la base d’éléments fabriqués, afin qu’ils cessent de faire leur travail.

Le 12 mars, un tribunal de Bakou a jugé le journaliste azerbaïdjanais Avaz Zeynalli, rédacteur en chef du périodique Khural, déclaré coupable de paiements illicites, d’extorsion sous la menace, de non-respect d’une décision judiciaire et d’évasion fiscale. Il a été condamné à neuf ans d’emprisonnement. Avaz Zeynalli a constamment critiqué le degré de corruption élevé qui règne dans le pays et la répression exercée par le président Ilham Aliyev envers les journalistes indépendants et les militants d’opposition. Son procès a semblé fortement inéquitable.

3. HARCÈLEMENT

Les menaces contre les journalistes ou leur famille sont une tactique utilisée fréquemment pour les réduire au silence.

Au Yémen, Abdul Karim al Khaiwani, journaliste renommé, subit des menaces depuis le début de l’année 2013 parce qu’il a écrit des articles sur les centres de détention secrète et la torture . On a tiré à deux reprises sur sa maison. Il a reçu des appels téléphoniques anonymes lui demandant s’il pouvait entendre les tirs.

Le Service de sécurité de l’État a arrêté à Kaduna le journaliste nigérian Musa Mohammad Auwal en décembre 2012 et février 2013. Personne ne lui a donné la raison de ces arrestations. Son téléphone et son ordinateur portable ont été saisis. Il est resté huit jours derrière les barreaux ; des questions lui ont été posées sur son groupe de presse et sur l’endroit où se trouvait son rédacteur en chef, qui est aujourd’hui dans la clandestinité et craint pour sa vie. Il a ensuite été libéré sous caution.

En Chine, le directeur de publication du Beijing News aurait donné sa démission après que les services officiels de propagande ont demandé à plusieurs quotidiens dans tout le pays de publier un éditorial imputant à des "forces étrangères hostiles" une grève survenue au Southern Weekly.

4. LES INTERDICTIONS D’ACCÈS À INTERNET

En février 2013, une juridiction égyptienne a interdit YouTube pendant un mois, à la suite d’une plainte relative à une vidéo jugée outrageante pour l’islam. Cette interdiction n’a pas été mise en vigueur, pour diverses raisons notamment techniques. La Constitution égyptienne protège la liberté d’expression mais fixe des limites à celle-ci, notamment concernant les insultes et la diffamation à l’égard de la religion et des personnes.

5. LA FERMETURE DES MÉDIAS

Certains gouvernements procèdent tout simplement à la fermeture des journaux et des radios lorsque ceux-ci leur paraissent trop critiques.

Le 21 novembre 2012, le procureur d’Almaty, au Kazakhstan, a porté plainte dans le but de faire fermer presque tous les médias indépendants ou d’opposition encore en activité. Dans son jugement, le tribunal qualifiait en outre d’« extrémistes politiques » incitant à la « haine sociale » plusieurs organes de presse de l’opposition. La requête du procureur visait une quarantaine de médias sur papier, en ligne et audiovisuels qui avaient couvert des grèves de travailleurs de l’industrie pétrolière et enquêté sur des affrontements violents entre les forces de sécurité et les manifestants à Janaozen, en 2011.

Au cours des deux premiers mois de 2012, les autorités soudanaises ont suspendu trois journaux en invoquant la Loi relative à la sécurité nationale. Ce texte permet au service national de la sûreté et du renseignement d’interdire toute publication, si elle contient des informations censées mettre en danger la sécurité nationale. En avril 2012, les autorités ont à deux reprises confisqué le journal al Midan après publication, plaçant une importante pression financière sur cet organe de presse.

Consultez notre nouveau rapport sur la répression des journalistes en Syrie. Cliquez ici.
AGISSEZ Ali Mahmoud Othman, journaliste citoyen, a été arrêté en mars 2012 dans la province d’Alep, en Syrie, et aucune nouvelle de lui n’a été reçue depuis plus d’un an. Veuillez écrire aux autorités syriennes en sa faveur, en utilisant notre Appel mondial. Cliquez ici.
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