NIGÉRIA - LE JOUR OÙ LES BULLDOZERS SONT ARRIVÉS

« ILS ONT RUINÉ MA VIE, ILS L’ONT FICHUE EN L’AIR. » (FRIDAY OGUNYEMI)

Un bulldozer démolit des habitations à Badia-Est, le 23 février 2013. © SERAC

Les habitants de Badia-Est n’oublieront jamais le jour où les bulldozers sont arrivés. Le samedi 23 février 2013, ils ont assisté à la démolition de leurs maisons et de leurs commerces dans l’État de Lagos, au Nigeria. Ils n’ont même pas été autorisés à récupérer leurs vêtements et leurs effets personnels.

Au moins 266 maisons et commerces de ce quartier informel – ou bidonville – ont été rasés. Près de 2 237 foyers et 9 000 personnes ont été touchés. La zone a été rasée pour accueillir un nouvel ensemble immobilier où les personnes qui ont perdu leur maison n’auront vraisemblablement pas les moyens d’habiter.

Les expulsions et les démolitions de grande ampleur ont détruit la vie de milliers de personnes au Nigeria. Le plus souvent, les autorités ne leur ont proposé aucune indemnisation ni solution de relogement.

Amnesty demande l’arrêt de toutes les expulsions collectives au Nigeria jusqu’à ce que l’État adopte une loi interdisant les expulsions forcées.

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Friday Ogunyemi dans l'abri où il vit depuis la démolition de sa maison : « Ils m'ont chassé de chez moi avec ma fille de cinq ans et mon fils de trois ans. Les policiers ont dit qu'ils nous tireraient dessus si nous rentrions dans la maison. Avant la démolition, j'avais une maison que j'avais construite et une autre que j'avais héritée de mon père. J'étais propriétaire de toilettes publiques, je louais des chambres. Avec le loyer, je pouvais nourrir mes enfants et les envoyer à l'école. Ils ont ruiné ma vie, ils l'ont fichue en l'air. Ils nous traitent comme si nous n'étions pas des Nigérians. C'est nous qui avons voté pour eux, mais voilà qu'ils détruisent la vie des pauvres. » © Amnesty International

L'épouse de Paul attendait des triplés. Elle était enceinte de huit mois lorsque leur maison a été démolie, le 23 février. Selon Paul, elle s'est évanouie sous le choc et a accouché avant terme. Elle vit désormais avec leurs quatre fils dans la pièce unique habitée par ses parents et d'autres proches. Elle a des problèmes de santé. Paul, qui a 38 ans et travaille comme transporteur, dort sous un pont. « Je vais voir ma femme et mes enfants de temps en temps, mais j'ai honte d'aller là-bas sans argent. Si j'en avais, j'aurais loué un appartement, parce que les bébés ont besoin de moi », a-t-il confié. © DR

Bimbo Osobe, 55 ans, a perdu sa maison et sa source de revenus le 23 février et dort désormais dehors, sous une moustiquaire. Elle se bat pour obtenir des réparations pour tout ce que les habitants ont perdu. « Ils ne nous ont absolument pas prévenus. Ils sont arrivés avec des masses, et tous les policiers étaient armés. Je louais des chambres chez moi ; j'avais deux boutiques où je vendais des boissons. Vous savez ce que c'est de perdre un enfant pour une mère ? C'est ce que j'ai ressenti ce jour-là. Quand il pleut, j'attends que la pluie s'arrête, et quand la pluie s'arrête, je vais chercher de l'eau chaude ou du thé. Mes enfants ne vivent plus avec moi ; j'en ai envoyé trois dans le Nord et un à Agbara. Je ne veux pas que mes enfants subissent la souffrance que j'endure actuellement. » © SERAC

Bimbo Osobe et d'autres habitants de Badia-Est s'adressent aux médias lors d'une manifestation devant les bureaux du gouverneur de l'État de Lagos (25 février 2013). © SERAC

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