Edito

Par Philippe Hensmans

Nombreux sont celles et ceux — moi y compris — qui se sont demandé ce qu’Amnesty allait bien pouvoir dire, et surtout faire concrètement, pour participer à l’éradication de la mortalité maternelle. Ce fléau qui tue une femme chaque minute dans le monde fait déjà l’objet d’une attention soutenue de la communauté internationale puisqu’il est le sujet d’un des Objectifs du Millénaire, ces objectifs que la communauté internationale s’est donnés en 2000. Alors, à la veille de l’évaluation que vont mener les Nations unies en septembre de ces Objectifs, que reste-t-il à faire ? Beaucoup. Dix ans plus tard, le taux de mortalité maternelle n’a pas diminué, loin de là, en Afrique de l’Ouest, par exemple. Une femme sur huit meurt en donnant naissance au Sierra Leone. C’est là que nous intervenons, en faisant pression sur les gouvernements tant occidentaux que locaux pour qu’ils prennent les choses au sérieux et se décident à écouter les femmes, et surtout les plus pauvres et les plus démunies. Vous pourrez le voir prochainement dans un petit film que nous avons tourné sur notre action au Burkina Faso. Mais à y regarder de plus près, il ne s’agit pas seulement d’un manque d’argent, ou même d’argent mal utilisé. Une femme américaine court cinq fois plus de risques de mourir en donnant naissance qu’une femme grecque... Et en parlant avec des femmes burkinabé, je me suis rendu compte que si elles étaient évidemment ravies qu’on ne leur fasse plus payer leur accouchement, elles ne voulaient pas que leur mari en profite pour les obliger à faire neuf enfants au lieu de sept... Bref, elles voulaient bénéficier de leurs droits sexuels et reproductifs. Et cette revendication-là, Amnesty la connaît bien et va la rappeler aux gouvernements en septembre. Ce sera notre valeur ajoutée.

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