Les droits humains dans ma commune : « laboratoire de la démocratie »

Quelques semaines avant les élections communales d’octobre dernier paraissait Les droits humains dans ma commune, un livre-plaidoyer montrant à quel point le futur des droits humains doit reposer sur une assise locale. À l’approche de la prochaine échéance électorale de mai, nous avons interrogé les deux auteurs, Jean-Paul Marthoz et Anne-Marie Impe, pour faire le point avec eux sur l’actualité de leurs messages.

Quelles sont les raisons qui ont présidé à l’écriture de ce livre ?

Nous souhaitions à la fois proposer une réflexion sur les droits humains et mettre en exergue des initiatives inspirantes, adoptées par des pouvoirs locaux, en Belgique et ailleurs, pour rendre les communes plus inclusives et respectueuses des droits de tous : devenir Cité refuge ou Ville lumière ; intégrer des critères éthiques dans les cahiers des charges des marchés publics ; créer une cantine durable pour les écoles et maisons de repos ; se lancer dans une démarche participative d’urbanisme anti-macho… Nous voulions aussi saluer des « petits actes de résistance », menés partout dans le monde. Dans des pays dirigés par des gouvernements hostiles aux droits humains, les pouvoirs locaux peuvent, en effet, se battre pour le respect de droits bafoués par le pouvoir central. Aux États- Unis, des villes ont ainsi refusé de traquer les migrants comme le voulait Donald Trump et se sont déclarées « Villes sanctuaires ».

En quoi les droits humains sont-ils un enjeu important au niveau local/communal ?

Les communes ont un rôle de premier plan à jouer en matière de droits humains. D’une part, parce que c’est le niveau de pouvoir le plus proche des citoyens et, d’autre part, parce que cette proximité permet une réelle participation des habitants et des associations aux affaires de la Cité. Les communes sont, en quelque sorte, le laboratoire de la démocratie, car c’est là que « les droits humains commencent », comme l’avait déjà souligné Eleanor Roosevelt, co-auteure de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en 1948.

Devant la croissance des inégalités, de l’intolérance et de l’exclusion, le niveau local est devenu un enjeu crucial pour le mouvement des droits humains. C’est là que les citoyens et les militants peuvent agir, très concrètement, pour changer les choses. En synergie étroite avec les autres niveaux de pouvoir, évidemment.

Quelle est l’actualité de votre ouvrage maintenant que les majorités communales ont été constituées ?

C’est justement maintenant que ces majorités vont pouvoir se mettre au travail et sont dès lors susceptibles de mener des actions en faveur des droits humains : organiser un marathon des lettres, adopter une personne en danger, prendre des mesures contre le changement climatique, accueillir dignement les demandeurs d’asile, etc. Ces initiatives ont bien plus qu’une importance symbolique. Elles peuvent aider à créer une culture des droits humains, grâce aux interactions entre les pouvoirs locaux, les écoles, les associations et les citoyens.

Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux membres d’Amnesty à l’approche des élections de mai ?

Les droits humains et leur application effective sont des indicateurs clés de la réalité et de la qualité d’une démocratie. Les membres d’Amnesty peuvent jouer un rôle important en interpellant les candidats et les partis politiques pour que, dans leur programme, les droits humains figurent en bonne place, non pas seulement en termes de déclarations de bonnes intentions, mais assortis de mesures concrètes à mettre en oeuvre. Il faut s’efforcer de placer les droits humains au coeur des campagnes électorales et renforcer le cordon sanitaire contre les mouvements identitaires, autoritaires et populistes qui menacent l’Europe et les valeurs universelles qu’elle prétend incarner.

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