Éditorial Par Philippe Hensmans

Il n’est pas trop tard, mais il est temps...

Les enjeux qui nous attendent cette année sont diablement importants. L’étau semble se resserrer : les droits humains sont menacés comme jamais à travers le monde, et nous sommes confrontés en Europe, et même en Belgique, à des responsables politiques que nous n’imaginions pas voir apparaître sur nos écrans de télévision ou sur les réseaux sociaux.

Attaques contre la solidarité, remises en question des droits fondamentaux au nom de la lutte contre le terrorisme, injustices sociales inacceptables autant de situations justifiées par des approches populistes.

Le rejet de l’autre, surtout quand il est d’une autre couleur, est une des recettes utilisées par d’aucuns dans des stratégies de racolages pathétiques, mais qui ajoutent jour après jour les clous dans le cercueil de la démocratie solidaire.

Les réactions que nous avons pu observer ces dernières semaines, notamment du côté des jeunes en lutte pour le climat, sont bien sûr réjouissantes et même rassurantes. Mais elles doivent nous questionner de deux manières au moins : ne sommes-nous pas engoncés dans nos mandats, nos règles et nos vieilles habitudes, qui font que nous sommes dépassés de tous les côtés aujourd’hui ? Nous apprécions énormément d’être ensemble, de nous retrouver, mais sommes-nous encore capables de nous ouvrir aux autres, de remettre en question notre façon d’agir ? D’autre part, nous ne devons jamais perdre de vue que le pragmatisme et le réalisme dont nous faisons preuve peuvent nous faire glisser aux yeux de beaucoup dans le camp des « institutions », ces instances auxquelles on ne fait plus confiance pour rendre le monde meilleur.

Les élections qui arrivent doivent nous obliger à retrouver notre rôle de citoyens. Non, nous ne sommes pas des doux rêveurs lorsque nous refusons que l’on livre des armes à des dictateurs. Non, nous ne sommes pas des “bobos fumeurs de pétards lécheurs de babouches” quand nous demandons du respect pour les migrants. Nous sommes des défenseurs des droits humains, ouverts aux autres, prêts à écouter et à se battre chaque jour partout où nous sommes.

Mais pour cela, il va falloir que nous nous bougions, que nous allions à la rencontre des autres, et que nous adaptions nos manières d’agir.

Les temps sont difficiles, c’est vrai. Mais nous pensions que la plupart de nos concitoyens pensait comme les trolls sur les réseaux sociaux. Et on avait oublié une génération entière. Et des milliers de concitoyens — dont beaucoup parmi vous — qui n’ont pas peur et hébergent des migrants.

Il n’est pas trop tard, mais il est temps. Ces personnes nous donnent le signal, à nous de l’entendre.

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