Le 19 mars marque le 10e anniversaire de l’invasion de l’Irak conduite par les forces américaines. Depuis lors, des dizaines de milliers de civils ont été tués par des groupes armés, des milices et des forces étrangères et irakiennes. Des centaines de milliers de personnes ont fui leur maison pour échapper aux violences.
Les Irakiens craignent tous les jours pour leur sécurité. Des civils et des agents des forces de l’ordre sont pris pour cibles quotidiennement, notamment dans le centre du pays. Dans ce climat d’insécurité, des cas de détenus maltraités sont toujours signalés fréquemment, et beaucoup de prisonniers ont été condamnés à l’issue de procès iniques, parfois à la peine de mort.
Un aperçu des mauvais traitements
Amnesty International s’est récemment rendue à Bagdad et au Kurdistan pour enquêter sur la façon dont les détenus étaient traités. Des proches, des avocats et des militants ont livré des récits poignants de détenus victimes de sévices horribles derrière les barreaux.
L’histoire de quatre hommes arrêtés à Ramadi et Falloujah en 2012 donne un aperçu des mauvais traitements que subissent de nombreux détenus. Alors qu’ils étaient détenus au secret à la Direction de la lutte contre la criminalité de Ramadi, Nabhan Adel Hamdi, Muad Muhammad Abed, Amer Ahmad Kassar et Shakir Mahmoud Anad auraient été torturés pour les obliger à « avouer » une complicité de meurtre (voir notre Appel mondial en leur faveur en pp. 28-29). Avant leur procès, des vidéos de leurs « aveux » ont été diffusées sur une chaîne de télévision locale.
Au procès, ils ont déclaré à la cour que ces aveux leur avaient été arrachés sous la torture. Des photos de leurs corps montraient des entrecroisements d’ecchymoses de forme allongée et des traces de brûlures ; ces signes de torture ont été confirmés par un examen médical. Pourtant, ces hommes ont été condamnés à mort le 3 décembre 2012, et leurs allégations de torture n’ont semble-t-il fait l’objet d’aucune enquête.
Ils font partie des 3 000 personnes et plus qui ont été condamnées à mort depuis le rétablissement de la peine capitale en 2004. Beaucoup des prisonniers du couloir de la mort disent que leurs « aveux » leur ont été arrachés ; au moins 447 ont été exécutés.
Des manifestations quotidiennes
Les allégations de sévices sur des femmes détenues ont fait l’objet d’un débat au parlement en novembre 2012. En décembre, des dizaines de milliers d’Irakiens ont organisé des manifestations essentiellement pacifiques pour dénoncer ces sévices et d’autres violences envers des prisonniers. Plusieurs semaines durant, ils ont manifesté tous les jours, réclamant le respect des procédures et l’adoption de mesures législatives, notamment une loi d’amnistie, ainsi que le réexamen de la législation antiterroriste. Après la mort de plusieurs manifestants sous les balles de l’armée à Falloujah fin janvier, des responsables ont annoncé l’ouverture d’une enquête.
Les mesures telles que l’adoption d’une loi d’amnistie ont jusqu’à présent été retardées en raison de l’impasse politique dans laquelle se trouve le pays depuis le départ des troupes américaines fin 2011. Les tensions entre les partis politiques, qui reflètent pour partie les divisions ethniques et interconfessionnelles, se sont intensifiées, freinant la mise en oeuvre des réformes.
Un nouveau rapport d’Amnesty International exhorte les autorités irakiennes à mettre un terme à la détention au secret, à la torture et aux extorsions d’« aveux », à respecter les normes d’équité des procès et à cesser de recourir à la peine capitale. Les auteurs de violations des droits humains, y compris ceux qui appartiennent à des forces étrangères stationnées en Irak, doivent être jugés à l’issue de procès équitables excluant le recours à la peine de mort.
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AGISSEZ Exhortez les autorités irakiennes à ne pas exécuter Nabhan Adel Hamdi, Muad Muhammad Abed, Amer Ahmad Kassar et Shakir Mahmoud Anad en vous servant de l’Appel mondial, cliquez ici. |