En route vers un traité mondial sur le commerce des armes !

Le commerce des armes est un fléau qui contribue, directement et indirectement, à la mort, aux viols, aux blessures ou à l’expulsion de millions de personnes. Rien qu’en 2010, 72 milliards d’armes ont été transférées partout dans le monde et en moyenne, chaque année, 200 000 personnes subissent les conséquences indirectes des conflits armés et sont tuées.

Une femme à travers un impact sur la tôle d'un véhicule ayant sans doute appartenu à des rebelles islamistes et détruit lors de frappes aériennes françaises au Mali, dans la ville de Diabali, récemment libérée (24 janvier 2013).

Mars 2013 est sans doute un tournant historique dans le combat d’Amnesty International, qui milite depuis plus de 20 ans pour un traité mondial sur le commerce des armes. En effet, du 18 au 28 mars, s’est déroulée à New-York la conférence finale des Nations unies pour la mise en oeuvre d’un traité mondial sur le commerce des armes (TCA). Ce traité devra empêcher l’écoulement non réglementé et illicite des armes dans les zones de conflit, qui entretient les guerres et les atrocités.

Il ne s’agit pas d’interdire le commerce des armes mais d’y appliquer les « Golden Rules ». Ces règles d’or sont le respect des droits humains et du droit international humanitaire comme critère pour déterminer si une exportation d’arme est légitime ou non. L’objectif de ce traité est d’empêcher la fourniture d’armes d’un pays à un autre en connaissance du fait que celles-ci seront utilisées pour commettre de graves violations des droits humains. Les courtiers doivent eux aussi être soumis aux mêmes règles.

La Belgique se montre proactive à l’égard de ce traité. Le 11 mars, une réunion a été organisée au SPF Affaires étrangères à l’initiative de l’envoyé spécial du ministre pour le désarmement et la non-prolifération. Autour de la table se trouvaient des représentants des entités fédérées et de la société civile. Amnesty International y a participé et a eu droit à un exposé clair sur les enjeux actuels des négociations, et sur les positions de la Belgique et de ses partenaires européens. Pour la Belgique, le projet négocié à la première Conférence en juillet 2012 constitue une excellente base de consensus et de discussion. À notre demande, notre section a aussi rencontré les conseillers du ministre Reynders pour voir dans quelle mesure les médias peuvent accroître la visibilité sur cette thématique.

Trois jours après cette réunion, le ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders, annonçait à la presse l’engagement de la Belgique sur cette matière lors de la Conférence des Nations unies.

Des militants d'Amnesty Mexique ont garé un char jaune artisanal devant l'ambassade des USA à Mexico pour faire pression sur ce pays lors des négociations au sujet du traité sur le commerce des armes aux Nations unies (juillet 2012).

Pour atteindre nos objectifs, une semaine mondiale d’action s’est tenue du 11 au 18 mars derniers. Elle vise particulièrement le président Obama. En effet, les Etats- Unis sont le plus gros exportateur d’armes au monde et à l’origine d’environ 30% des transferts d’armes classiques. Dans cette longue marche vers un traité sur le commerce des armes, il est donc plus que nécessaire que les Cinq Grands en fassent partie. La Chine serait responsable de 3% du commerce d’armes classiques. La Russie occupe la deuxième place d’exportateur d’armes dans le monde. La France et le Royaume-uni sont quant à eux régulièrement classés troisième et quatrième. Tous ont fourni, ou continuent de le faire, des armes à des pays où des violations des droits humains ont été ou sont commises.

À l’heure où nous écrivons cet article, nous ne pouvons pas nous prononcer sur l’issue de ces négociations. Le prochain numéro du Fil d’Amnesty vous livrera les résultats de la Conférence des Nations unies. Nous devons y croire et nous mobiliser pour faire ressentir la pression d’Amnesty International aux responsables gouvernementaux.

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