Il est de ces jours qui font du bien. De ces nouvelles qui revigorent.
De ces rencontres qui vous redonnent espoir dans l’humanité.
Et on en a besoin ! Les temps sont durs, l’instabilité est générale et nous n’osons pas ouvrir nos journaux le matin. Soudain, vous apprenez que votre collègue turque a été relâchée.
Vous savez, celle pour qui nous manifestions il y a encore quelques jours, à quelques-uns, devant l’ambassade, avant de déposer les pétitions signées par 13 000 d’entre-vous. Oui, bien sûr, sa liberté est conditionnelle. Bien sûr, son président est toujours détenu. Mais son sourire quand elle est revenue au bureau d’Amnesty à Istanbul valait toutes les crèmes à la glace du monde.
Un soir, vous arrivez — un peu en traînant les pieds, c’est vrai — dans une salle de conférence où on vous avait demandé d’animer un débat sur un pays un peu oublié, le Burundi. Et puis, la salle se remplit, et vous rencontrez des jeunes qui en veulent. Qui bousculent leurs aînés, et leur demandent des comptes.
Qui veulent reconstruire leur pays, tout simplement. Et vous rentrez à la maison, tard certes, mais content.
Quelques jours plus tard, vous vous rendez compte qu’un voisin, comme des dizaines d’autres personnes, héberge régulièrement des migrants du parc Maximilien. « Oh, ce n’est pas grand-chose, dit-il. Du moment qu’ils ont du thé sucré et du wifi, ils sont contents ». Mais il leur donne à manger et des vêtements.
Le lendemain midi, ou quelques jours plus tard, il va les ramener à Bruxelles. Tout cela discrètement, sans publicité, sans autre remerciement que celui d’avoir rencontré un autre être humain qui est passé par des épreuves incroyables. Et là, on se dit qu’on a de la chance. Et aussi que c’est notre devoir de partager notre liberté en agissant pour d’autres.
Depuis 15 ans, au mois de décembre, des personnes ordinaires joignent leurs forces partout dans le monde. Armés de nos stylos et de nos claviers, nous écrivons des lettres et des cartes postales, nous signons des pétitions, nous envoyons des courriels et partageons des publications sur les réseaux sociaux,
dans le cadre de la campagne mondiale de rédaction de lettres d’Amnesty.
Nous exprimons notre solidarité envers des hommes et des femmes qui défendent les droits fondamentaux, grâce à un outil utilisé par les êtres humains depuis des milliers d’années : le langage écrit. Au fil de l’histoire, les tyrans et les dictateurs ont appris la puissance de l’écrit. Il possède une autorité intrinsèque et résiste au temps, des qualités que nous devons nous approprier sous forme de détermination et de persévérance, pour parvenir à façonner un monde où les droits de chaque personne seront respectés.
Ensemble, envoyons nos messages de par le monde, réclamons la justice et le changement aussi longtemps qu’il le faudra.
Philippe Hensmans
Directeur général d’Amnesty International Belgique francophone