En réfléchissant à cet édito, et aux enjeux en cours pendant que je l’écris, je suis tombé sur un nouveau concept : le « recentrisme » (à ne pas confondre avec le « récentisme ») : lorsque nous sommes confronté·e·s à des fléaux comme la COVID-19, nous avons tendance à oublier ce qu’il se passe ailleurs. Et l’ailleurs est de plus en plus près en fait. Nous nous recentrons sur nous-mêmes. Tout ce qui ne concerne pas le fameux virus dans un rayon de 50 km ne nous intéresse pas ou plus.
« Diable... Je ne peux plus aller au restaurant ! », pendant que des enfants s’empilent dans des camps en Grèce. Et quoi qu’on en dise, les médias nous obéissent, sentent nos inquiétudes et se recentrent aussi.
Voilà que tout à coup, nous nous retrouvons dans une situation un peu comparable — même si elle reste privilégiée, mais ça aussi nous l’oublions — à celle que connaissent des millions d’êtres humains depuis longtemps. Des personnes qui doivent vivre avec moins de deux dollars par mois, qui doivent marcher trois heures pour aller à l’école chaque matin, qui se couchent toutes les nuits en se demandant si des milices ne vont pas venir piller leurs (maigres) biens et leur corps (chétif). Pendant des années, nous nous sommes demandé·e·s pourquoi ces gens ne se rebellaient pas. Nous voulions les « sensibiliser », les « éduquer aux droits humains ». Pour qu’il·elle·s comprennent mieux le monde. Aujourd’hui, nous avons tendance à les oublier, nous aussi.
Alors, puisse le 10 décembre nous obliger à élargir à nouveau nos horizons. Il est des flammes qui sont capitales pour le monde.