L’Europe est-elle une forteresse en train de couler ? C’est en tout cas la question que l’on peut se poser. Elle passe son temps à envoyer ses petits soldats de Frontex colmater les brèches à gauche et à droite pour éviter que nous soyons « envahis » par les demandeurs d’asile et les migrants (dont certains finissent quand même par entrer, heureusement).
Elle passe des accords avec des régimes parfois peu recommandables aux frontières de l’empire afin que la tâche du tri entre les « bons » et les « mauvais » leur revienne.
Elle oublie cependant certains de « nos » pays aux frontières du château, comme la Grèce, qui n’ont ni les moyens ni l’envie (mais ça, ça fait longtemps) de traiter sérieusement les demandeurs d’asile qui affluent là en nombre. Il faut dire que l’Irak, la Libye, la Syrie... ne sont guère lointains. Et la tension monte en Grèce, alimentée par des partis populistes qui sautent sur l’occasion de raviver la flamme de vieux démons (vous vous rappelez les films de Costa Gavras ?).
Ce qui est sans doute encore plus éprouvant pour la stabilité éthique de ses citoyens (du moins 99 % d’entre eux, ceux qui ont une conscience), c’est de voir qu’en même temps l’Union européenne reste au balcon dès qu’il s’agit de se prononcer sur des conflits qui pourtant génèrent des flux constants de familles qui veulent sauver leur peau, comme en Syrie.
« Seule une solution politique permettra d’éviter un bain de sang dans ce pays », avons-nous entendu ces derniers jours. Pourquoi ? Ce qui s’est passé jusqu’à présent (bombardements aériens, armes à sous-munitions, missiles SCUD contre des populations civiles), c’était pour rire ?
Philippe Hensmans,
directeur d’Amnesty International Belgique francophone
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