Comment réagiriez-vous si vous étiez obligé de quitter votre maison ? « Je me sentirais vraiment abandonné », répond un jeune homme, le regard planté dans l’objectif de la caméra.
Ce jeune homme prenait part à une vidéo réalisée par le réseau Jeunes d’Amnesty Mali à l’occasion de la Journée internationale des Roms, le 6 avril. Des militants d’Amnesty ont également organisé une grande manifestation à Bamako, la capitale du Mali, aux côtés de plus de 130 associations locales.
L’objectif était de sensibiliser les gens aux expulsions forcées de Roms dans les pays européens. Mais qu’est-ce qui a pu pousser des militants maliens à défendre les droits de personnes vivant à des milliers de kilomètres ?
Après tout, le Mali a déjà suffisamment de problèmes. Début 2012, un conflit armé a éclaté dans le nord, suivi d’un coup d’État dans le sud. L’état d’urgence n’a été levé qu’en juillet de cette année.
« La solidarité internationale, répond simplement Fofana Salif, coordinateur Campagnes et mobilisation à Amnesty Mali. Il y a une grande similitude entre ce qui arrive aux Roms en Europe et ce qui se passe au Mali, explique- t-il.
« Venir en aide aux Roms est l’occasion pour les associations locales de s’atteler au problème ici aussi. »
Amnesty Mali a été créé en 1991 et compte aujourd’hui plus de 3 000 membres. Depuis 2011, les militants ont organisé trois grandes manifestations publiques sur les droits des Roms.
« Chacune d’elles a attiré plus de 2 000 personnes et nous sommes même passés à la télévision nationale, se félicite Fofana. Quand les gens d’ici ont vu ce qui arrivait aux Roms, ils en ont été très attristés et se sont sentis obligés de les soutenir.
« Nous avons également sensibilisé la presse à ce qui se passe en Europe. Ils n’arrivaient pas à croire qu’il puisse y avoir de la ségrégation dans des établissements scolaires européens. Et les expulsions forcées collectives en France, ils trouvaient cela incroyable. »
Cette méthode a produit d’excellents résultats. Amnesty Mali a fourni 1 113 signatures sur les quelques 94 500 que comptait la pétition internationale Ici et maintenant, droits humains pour les Roms !, remise à la commissaire européenne Viviane Reding en juillet.
Elle produit également des effets au niveau local : « Nous avons reçu une réponse de notre Premier ministre, annonçant qu’il examinerait le problème au Mali, relate Fofana.
« Le ministre de la Justice a encouragé tout le monde, y compris les Roms, à se battre pour leurs droits.
« Et le représentant du ministre du Logement a reconnu que ce qui arrivait aux Roms se produisait également au Mali, et qu’il fallait se montrer solidaires. »
Visionnez la vidéo d’Amnesty Mali en cliquant ici. |