CORÉE DU NORD

République populaire démocratique de Corée
CAPITALE : Pyongyang
SUPERFICIE : 120 538 km²
POPULATION : 22,5 millions
CHEF DE L’ÉTAT : Kim Jong-il
CHEF DU GOUVERNEMENT : Pak Pong-ju
PEINE DE MORT : maintenue
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome non signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé

Le régime nord-coréen continuait de bafouer les droits humains, et notamment le droit à la liberté d’expression, d’association et de mouvement. Selon les informations disponibles, l’emprisonnement pour des raisons politiques était monnaie courante. Des exécutions en public, des tortures et des mauvais traitements ont également été signalés. Les observateurs indépendants ne pouvaient toujours pas se rendre dans le pays.

Contexte
La Corée du Nord a annoncé en mars qu’elle détenait la bombe atomique. Des progrès considérables ont été accomplis en septembre, lors de la quatrième session de pourparlers à six (réunissant la Chine, les deux Corées, les États-Unis, le Japon et la Russie) qui se tenait à Pékin. Les participants sont en effet parvenus à un accord aux termes duquel la Corée du Nord s’engage à abandonner ses programmes nucléaires en échange d’une aide et de garanties pour sa sécurité. La mise en œuvre de cet accord n’a cependant guère avancé depuis.

Surveillance internationale de la situation des droits humains
En avril, pour la troisième fois en trois ans, la Commission des droits de l’homme [ONU] s’est dite préoccupée par la situation en Corée du Nord.
En novembre, l’Assemblée générale des Nations unies a pour la première fois adopté une résolution exprimant les mêmes inquiétudes.
Au mois d’août, le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée a déclaré qu’il disposait d’éléments tendant à prouver l’existence dans le pays de pratiques attentatoires aux droits humains : torture, détention sans procès, exécutions publiques et application de la peine capitale aux opposants politiques.
Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes [ONU] a examiné en juillet le rapport initial de la Corée du Nord. Il s’est dit préoccupé par le fait que l’État partie n’avait pas conscience de l’ampleur de la violence domestique, qu’il n’y avait pas de loi expresse traitant de toutes les formes de violence contre les femmes, notamment la violence familiale, ni de mesures tendant à prévenir le phénomène ou à protéger les victimes. Il a également déploré l’insuffisance des explications fournies par le gouvernement concernant l’impact de la famine et des catastrophes naturelles sur les femmes et les jeunes filles. Le Comité craignait que, dans de telles circonstances, celles-ci ne soient exposées au risque d’être victimes de la traite et d’autres formes d’exploitation, telles que la prostitution.

Interdiction d’accès au territoire
Les informations étaient toujours sévèrement contrôlées, tout comme l’accès au territoire. En dépit de demandes répétées, le gouvernement refusait toujours d’autoriser la venue d’observateurs indépendants des droits humains, y compris des rapporteurs spéciaux des Nations unies sur la situation des droits de l’homme et sur le droit à l’alimentation.

Peine de mort
Cette année encore, des cas d’exécution d’opposants politiques emprisonnés ont été signalés. Des personnes accusées de crimes économiques (vol de nourriture, par exemple) auraient également été exécutées. Selon des informations qui n’ont pas pu être confirmées, plusieurs responsables d’Églises clandestines auraient subi le même sort.
Des informations sont parvenues au mois de février selon lesquelles quelque 70 Nord-Coréens, qui avaient tenté de se réfugier en Chine, avaient été exécutés en public le mois précédent, après avoir été renvoyés de force par les autorités de Pékin. Ces informations n’ont pas pu être vérifiées.
Un enregistrement vidéo montrant l’exécution publique par balle de deux personnes est parvenu à l’étranger. Cette exécution aurait eu lieu le 1er mars à Hoeryong, une ville du nord-est du pays, à l’issue d’un procès au cours duquel 11 personnes auraient été jugées pour trafic d’êtres humains et assistance visant à faciliter des visites en Chine, interdites. Le même enregistrement montrait également une autre exécution, qui aurait eu lieu le 2 mars dans la ville voisine de Yuson.

Torture et mauvais traitements
Les Nord-Coréens renvoyés par la Chine risquaient d’être placés en détention, torturés ou maltraités, et emprisonnés dans des conditions épouvantables pour une durée pouvant atteindre trois ans. Plusieurs centaines de personnes se trouvaient dans cette situation.
D’après les informations recueillies, des détenus sont morts de malnutrition dans les camps de travail pour prisonniers politiques et dans les centres de détention, où la surpopulation était la règle. Ceux qui étaient accusés d’avoir enfreint le règlement pénitentiaire voyaient leurs maigres rations encore réduites.

Femmes détenues
Les femmes placées en détention continuaient d’être soumises à des conditions carcérales dégradantes. Les prisons ne disposaient pas des infrastructures de base nécessaires à la prise en charge des femmes. Selon des informations qui n’ont pu être confirmées, des femmes enceintes expulsées de Chine auraient été placées en détention et forcées à avorter. Des femmes ont affirmé avoir été humiliées par des surveillants de sexe masculin alors qu’elles se trouvaient en détention provisoire, et avoir subi des attouchements. Selon leurs témoignages, celles qui tentaient de protester étaient rouées de coups. Toutes les détenues, même celles qui étaient enceintes ou âgées, devaient travailler, depuis l’aube jusque tard dans la nuit, dans les champs ou dans les usines des prisons.

Liberté d’expression
La liberté d’expression et d’association était toujours sévèrement réprimée.
Moon Sung-Jun, soixante-quatre ans, aurait été arrêté au mois de juillet à Shinuiju, dans la province du Pyongan du Nord. Il était soupçonné de diriger un mouvement religieux clandestin. Au moins 80 personnes appartenant à la population locale, dont huit membres de la famille de Moon Sung-Jun, auraient également été arrêtées et interrogées sur leurs liens présumés avec ce mouvement.

Demandeurs d’asile nord-coréens en Asie
Des centaines de Nord-Coréens ont été renvoyés dans leur pays par les autorités chinoises. Nombre d’entre eux avaient essayé de pénétrer dans des établissements scolaires étrangers à Pékin ou dans les locaux de représentations diplomatiques, dans l’espoir de pouvoir ensuite quitter la Chine. Fin 2005, plus d’une centaine de personnes se trouvaient ainsi dans l’enceinte de missions diplomatiques, attendant qu’il soit statué sur leur sort.
En Chine, des Nord-Coréennes seraient victimes d’exploitation sexuelle ; certaines seraient mariées sous la contrainte et d’autres soumises à la traite et destinées à l’industrie du sexe. Selon certaines informations, les autorités du Viêt-Nam, du Laos et du Cambodge renvoyaient de force de plus en plus de demandeurs d’asile nord-coréens cherchant à gagner la Corée du Sud.
Les pouvoirs publics nord-coréens menaient une politique visant à réprimer toute assistance à leurs ressortissants se trouvant en Chine.
Kang Gun, un homme qui s’était installé en Corée du Sud, aurait été enlevé en mars par des agents nord-coréens à Longjing, dans la province chinoise du Jilin, où il était venu apporter de l’aide à des compatriotes qui s’étaient réfugiés en Chine en raison de la crise alimentaire. Il aurait été conduit à Pyongyang et incarcéré dans une prison de l’Agence pour la sécurité nationale.

Droit à la nourriture
Une étude sur l’alimentation, menée à l’échelle nationale par le gouvernement nord-coréen ainsi que le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’UNICEF, a été publiée en mars. Selon ses auteurs, 7 p. cent des enfants du pays souffrent de malnutrition aiguë et 37 p. cent de malnutrition chronique. En outre, 23,4 p. cent des enfants présentent une insuffisance pondérale et une mère sur trois a une alimentation insuffisante et est anémiée. Cette étude montrait que la condition des personnes les plus vulnérables s’était encore aggravée sous l’effet du processus d’ajustement économique qui, entamé au milieu de l’année 2002, s’est traduit par une hausse marquée du prix des produits alimentaires de base et par un effondrement des revenus de millions d’ouvriers, mis au chômage ou ne travaillant plus qu’à temps partiel. Les prix des céréales, qui avaient déjà triplé au cours de l’année 2004, ont continué d’augmenter.
Faisant valoir que les récoltes avaient été bonnes en 2005, le gouvernement a demandé en septembre une augmentation de l’aide au développement et l’arrêt de l’aide humanitaire. Il a également requis l’expulsion des observateurs du PAM, ce qui a suscité un certain nombre de questions sur le contrôle de la distribution de l’aide alimentaire. Selon des informations en date du mois de septembre, la moitié de l’aide alimentaire bilatérale apportée par la Chine et la Corée du Sud pourrait ne pas parvenir à ceux et celles à qui elle est destinée.
À la demande du gouvernement, le PAM a fermé en décembre cinq de ses bureaux régionaux et 19 unités de production alimentaire qui fonctionnaient en territoire nord-coréen.

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