SALOMON

Îles Salomon
CAPITALE : Honiara
SUPERFICIE : 28 370 km²
POPULATION : 0,478 million
CHEF DE L’ÉTAT : Elizabeth II, représentée par Nathaniel Waena
CHEF DU GOUVERNEMENT : Allan Kemakeza
PEINE DE MORT : abolie
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifié

Les efforts de reconstruction et de développement du pays se sont poursuivis, après cinq années d’un conflit armé qui a pris fin en 2003. La question des différences ethniques et régionales, potentiellement sources de dissensions, restait à résoudre. Au moins 10 personnes, dont l’ancien dirigeant du Guadalcanal Liberation Front (GLF, Front de libération de Guadalcanal), ont été reconnues coupables d’exactions graves liées au conflit. D’autres anciens militants étaient toujours détenus en attendant d’être jugés ; certains avaient déjà passé près de deux ans et demi en détention provisoire.

Suites du conflit

Des progrès ont été signalés dans la reconstruction des infrastructures et des principales institutions affectées par le conflit. Toutefois, il subsistait d’importants problèmes de développement : plus de 80 p. cent de la population dépendait toujours de l’agriculture de subsistance et de la pêche pour vivre, et n’avait qu’un accès limité aux services de santé et d’éducation. Les fortes disparités de développement entre la capitale, Honiara, et les provinces, ont attisé des tensions, tout comme la corruption qui régnait, semble-t-il, chez les dirigeants politiques.
Le maintien de la Regional Assistance Mission to Solomon Islands (RAMSI, Mission d’assistance régionale dans les îles Salomon) aurait stabilisé la situation en matière de sécurité. Cependant, dans un rapport rendu public en mai, le Forum des îles du Pacifique a noté la persistance d’un régionalisme fortement ancré ainsi que de vives animosités entre les groupes ethniques. Il a recommandé que soient constituées d’une part une commission de vérité et de réconciliation, et d’autre part une commission d’enquête chargée d’analyser les problèmes de répartition des terres et les causes du conflit ethnique. Aucune de ces deux institutions n’avait été créée fin 2005, mais d’autres initiatives de réconciliation des communautés avaient vu le jour. On craignait toujours que les réformes constitutionnelles proposées afin d’instaurer un système fédéral de gouvernement ne conduisent à une fragmentation accrue du pays.

Procès liés au conflit

Des arrestations en rapport avec le conflit avaient encore lieu au mois de décembre ; toutefois, la plupart des affaires en suspens avaient été jugées ou étaient en instance de jugement. La durée de certaines détentions provisoires était préoccupante, mais les tribunaux ont estimé qu’une durée supérieure à deux ans n’était pas déraisonnable au regard des circonstances.
Au cours de l’année, la Haute Cour a condamné quelque 10 personnes pour leur implication dans les violences ; quatre ont été acquittées. Parmi les condamnés figurait l’ancien dirigeant du Front de libération de Guadalcanal, Harold Keke. Cet homme et deux autres personnes se sont vu infliger une peine de réclusion à perpétuité pour le meurtre, en 2002, d’Augustine Geve, ancien prêtre et ministre du gouvernement.
Dans deux autres affaires de meurtre, le tribunal a conclu qu’en dépit d’éléments tendant à prouver que les accusés avaient subi des menaces et des mesures d’intimidation, la contrainte n’était pas recevable comme argument de défense pour les anciens membres de milices qui s’étaient ralliés de leur plein gré à des groupes de militants.
Certains miliciens condamnés à l’issue d’au moins un autre procès ont formé un recours au motif qu’ils avaient été incités à faire des aveux dans le cadre du processus de paix, sans comprendre que leurs déclarations seraient utilisées contre eux comme éléments de preuve dans une procédure pénale.
Au mois d’octobre, la police a utilisé du gaz lacrymogène pour réprimer une émeute qui avait éclaté dans une prison lorsque, selon certaines informations, des suspects en instance de jugement pour des exactions liées au conflit ont cru que leur demande d’amnistie n’avait pas été transmise.

Violences contre les femmes

En mars, le Centre d’accueil chrétien a ouvert ses portes près d’Honiara. Il s’agissait du premier refuge créé dans le pays pour les victimes de violences familiales. En septembre, le personnel de cette institution, ainsi que des agents de police, ont reçu une formation sur les violences liées au genre dispensée par le Centre de crise pour les femmes de Fidji. Toutefois, les autorités n’avaient toujours pas adopté une politique nationale sur les violences contre les femmes intégrant un financement approprié et un fonctionnement coordonné des divers organismes concernés. Les femmes victimes de violences, notamment en dehors des principaux centres urbains, ne bénéficiaient toujours pas d’une protection efficace, de services de soins ni de possibilités d’obtenir réparation.
À mesure que les tribunaux progressaient dans le traitement des dossiers en souffrance, plusieurs anciennes affaires d’agressions sexuelles ont été jugées. En mai, l’ancien numéro deux de la police, Wilfred Akao, a été condamné à deux années d’emprisonnement après avoir été reconnu coupable d’avoir enlevé et violenté une femme à Honiara en 1996. Un autre homme s’est vu infliger une peine de quatre ans et demi de prison pour trois chefs d’accusation de viol concernant la même femme.

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