GAMBIE






Contexte
Le président Jammeh a remporté l’élection présidentielle de septembre.

Détentions illégales et tortures
Après une tentative présumée de coup d’État à la fin du mois de mars, la National Intelligence Agency (NIA, Agence nationale de renseignements) a maintenu illégalement en détention plus de 70 personnes, prolongeant leur privation de liberté au-delà des soixante-douze heures prévues par la législation gambienne. Il y avait parmi elles des avocats, des responsables politiques, des journalistes, des responsables de publication et d’autres civils, ainsi que des militaires et des membres des forces de sécurité. Certains étaient des prisonniers d’opinion.
Le 27 mars, des suspects, qui auraient porté l’uniforme militaire, sont apparus sur une chaîne de télévision nationale pour « avouer » leur participation à la tentative de coup d’État.
Certaines des personnes arrêtées ont été détenues au secret pendant plusieurs semaines au siège de la NIA et à Mile 2, la prison centrale de Banjul, où au moins 12 d’entre elles auraient été victimes de tortures ou de mauvais traitements. On ignorait combien demeuraient en détention à la fin de l’année.
Arrêtée le 6 avril, l’avocate Mariam Denton a été détenue illégalement durant plus de trois mois à la prison de Mile 2. Amnesty International la considérait comme une prisonnière d’opinion. Bien que la Haute Cour ait répondu favorablement à la demande de visite de ses avocats le 25 avril, la direction de la prison n’a pas autorisé ces derniers à s’entretenir avec leur cliente avant le 10 mai. Mariam Denton a été libérée le 25 juillet sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle, le ministère public n’ayant pas réussi à la faire inculper de non-dénonciation de trahison.
Selon certaines sources, au moins 12 détenus ont été torturés. Certains ont eu la tête recouverte d’un sac plastique ou maintenue sous l’eau de façon prolongée. D’autres auraient été brûlés avec des cigarettes ou battus très violemment.

Procès consécutifs à la tentative de coup d’État
Quinze personnes arrêtées pour leur implication présumée dans la tentative de coup d’État ont comparu en audience préliminaire devant la Haute Cour, à Banjul, à partir du 10 mai. Parmi les chefs d’inculpation rendus publics fin mai figuraient la trahison et la non-dénonciation de trahison, deux crimes passibles de la peine capitale et excluant une libération sous caution. L’un des accusés a semble-t-il été remis en liberté le 8 décembre. Deux autres détenus ont été accusés de crimes moins graves. Selon certaines informations, l’un d’eux a été libéré en novembre après que les charges retenues contre lui eurent été abandonnées. Le 28 juillet, on a appris que sept autres détenus, parmi lesquels se trouvait Abdoulie Kujabi, un ancien directeur général de la NIA, avaient été inculpés de complot en vue de commettre une trahison. Leur procès n’avait pas commencé à la fin de l’année. Selon les informations recueillies, l’un d’entre eux a été libéré le 8 décembre.
Le 18 juillet, plusieurs avocats de la défense se seraient retirés de l’une des affaires en invoquant le manque d’indépendance du juge. Certains détenus n’ont pas été autorisés à entrer en contact avec leur avocat. Au moins quatre militaires jugés dans le cadre du procès pour trahison ont été renvoyés devant un tribunal militaire ; les déclarations qu’ils ont faites devant cette instance semblaient indiquer que leurs « aveux » avaient été obtenus sous la contrainte ou la torture.

Exécutions extrajudiciaires présumées
Les autorités ont affirmé qu’un ancien directeur général de la NIA, Daba Marena, et quatre soldats (Ebou Lowe, Alieu Cessay, Alpha Bah et Malafi Corr) s’étaient échappés à l’occasion de leur transfert en prison vers le 4 avril. Amnesty International craignait qu’ils n’aient été exécutés sommairement ou soumis à une disparition forcée. Aucune enquête indépendante concernant l’évasion supposée n’avait été entamée à la fin de l’année.

Liberté d’expression
Au moins neuf journalistes ou responsables de publication gambiens et étrangers ont été arrêtés ; certains auraient été torturés. Les manœuvres de harcèlement et les menaces visant les journalistes, les dirigeants de presse et les médias critiques à l’égard du gouvernement se sont intensifiées.
Musa Saidykhan et Madi Ceesay, respectivement rédacteur en chef et directeur de The Independent, ont été arrêtés le 28 mars. Les locaux du journal ont été fermés. Les deux hommes ont été maintenus au secret au siège de la NIA jusqu’au 20 avril, avant d’être relâchés sans avoir été inculpés ni officiellement informés des motifs de leur détention. Fin 2006, les locaux du journal n’avaient toujours pas rouvert.
Lamin Fatty, reporter à The Independent, a été arrêté le 10 avril dans le cadre de l’enquête sur la tentative de coup d’État et conduit au siège de la NIA. Il a été détenu au secret durant plus de deux mois ; en mai, il a été inculpé de publication d’informations mensongères. Son procès n’était pas terminé à la fin de l’année.
Le 25 mai, le site Internet du journal en ligne Freedom Newspaper a été piraté et une liste contenant les noms de plus de 300 « informateurs » présumés a été publiée dans un organe de presse progouvernemental. Au moins quatre journalistes ont ensuite été arrêtés ; ils ont été relâchés sans inculpation. Un de leurs collègues a été détenu au secret au siège de la NIA durant pratiquement cinq mois, avant d’être remis en liberté sans avoir été inculpé.

Impunité
Aucune enquête officielle n’a été ouverte au sujet de violations des droits humains commises dans le passé. Les autorités n’ont pas traduit en justice les responsables présumés de l’assassinat du journaliste Deyda Hydara, mort en décembre 2004.

Autres documents d’Amnesty International


 Gambie. Les allégations de complot en vue d’un coup d’État ne doivent pas servir d’excuse aux violations des droits fondamentaux des citoyens (AFR 27/004/2006).

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