REPUBLIQUE DOMINICAINE

Des Haïtiens et des Dominico-Haïtiens (Dominicains d’origine haïtienne) ont à nouveau fait l’objet d’expulsions collectives. Certains auraient subi des mauvais traitements. Des informations ont fait état d’homicides illégaux commis par les forces de sécurité. Les violences domestiques demeuraient un grave motif de préoccupation.






Discrimination envers les Haïtiens et les Dominico-Haïtiens
Expulsions

Cette année encore, de très nombreux travailleurs migrants haïtiens et citoyens dominicains d’origine haïtienne ont été expulsés illégalement. Beaucoup avaient été appréhendés lors de rafles pour la seule raison qu’ils étaient noirs. Des mauvais traitements auraient été infligés par des agents de l’immigration ou par les forces de sécurité.
Le 4 janvier, lors d’une rafle dans la capitale, Saint-Domingue, des agents de l’immigration ont arrêté cinq enfants dont Francisca José, huit ans. D’après les informations reçues, la fillette a été frappée à deux reprises, ce qui l’a fait saigner de la bouche. Elle a été maintenue en détention toute la nuit, jusqu’à ce qu’une organisation locale de défense des droits humains réussisse à obtenir sa libération en prouvant qu’elle était de nationalité dominicaine.
En septembre, de très nombreuses personnes ont été blessées dans l’accident d’un car des services de l’immigration dominicains qui emmenait vers la frontière 120 Haïtiens présumés en situation irrégulière. Le véhicule, surchargé, a basculé dans une rivière dans la province d’Elías Piñas. Certaines des personnes renvoyées avaient, semble-t-il, des papiers en règle les autorisant à travailler dans le pays. Un grand nombre de blessés auraient été expulsés vers Haïti sans avoir reçu de soins médicaux.
Accès à la nationalité
Les autorités dominicaines ne se sont pas conformées à la décision rendue en septembre 2005 par la Cour interaméricaine des droits de l’homme dans l’affaire des deux jeunes filles d’origine haïtienne qui s’étaient vu refuser la nationalité dominicaine. La Cour avait demandé qu’elles soient indemnisées, et exhorté les autorités dominicaines à prendre les mesures nécessaires pour octroyer la nationalité aux milliers d’autres Dominicains à qui elle avait été refusée ainsi qu’à leurs enfants.

Agressions
Des informations ont fait état de violentes agressions commises de façon arbitraire contre des Haïtiens. Des organisations de défense des droits humains ont affirmé que les autorités n’avaient pas ouvert d’enquêtes sur certains homicides dont les victimes étaient haïtiennes.
Le 7 mars, à Yabonico, dans la localité de Las Matas de Farfán, deux Haïtiens, Edison Odio et Jako Medina, auraient été très grièvement brûlés par une foule qui voulait, semble-t-il, venger le meurtre du maire de la commune. Jako Medina est mort des suites de ses blessures. À la connaissance d’Amnesty International, les autorités n’ont pas engagé de poursuites.

Trafic illicite d’êtres humains
Le 11 janvier, les corps de 24 Haïtiens ont été retrouvés non loin de la ville frontalière de Dajabón, dans le nord du pays. Ils étaient apparemment morts par asphyxie dans un camion qui les transportait illégalement en République dominicaine, où ils allaient chercher du travail. Les corps auraient été jetés de l’arrière du véhicule, dans lequel s’entassaient plus de 60 personnes. Quatre personnes de nationalité dominicaine, dont deux militaires, étaient en cours de jugement pour cette affaire à la fin de l’année.

Homicides illégaux commis par les forces de sécurité
Selon les chiffres officiels, le nombre de personnes tuées entre janvier et août dans des échanges de tirs avec la police est passé de 345 en 2005 à 204 en 2006. Amnesty International reste cependant préoccupée par le fait que plusieurs de ces homicides étaient peut-être illégaux. Cinquante-sept membres des forces de sécurité ont été tués pendant cette même période.
Le 26 septembre, Elvin Amable Rodríguez, vingt-deux ans, porte-parole du Frente Amplio de Lucha Popular (FALPO, Front élargi de lutte populaire), a été abattu de deux balles dans la tête par des policiers, à Navarrete. La police a affirmé qu’il était mort dans une fusillade. Deux policiers étaient en détention provisoire à la fin de l’année.
Le 9 juillet, des membres des forces armées dominicaines auraient ouvert le feu sur un groupe de Haïtiens qui tentaient de passer la frontière non loin de la ville de Dajabón. Selon certaines sources, une de ces personnes a été touchée dans le dos et est morte à l’hôpital.

Violences contre les femmes
Au cours des six premiers mois de 2006, selon les statistiques officielles, 43 femmes ont été tuées par leur compagnon ou ancien compagnon. Pour le seul mois d’avril, 1 800 cas de violences au foyer ont été signalés aux autorités.

Droit à la santé
Alors que la République dominicaine bénéficiait de financements internationaux suffisants, près de 70 p. cent des personnes qui en avaient besoin ne recevaient pas de traitements antirétroviraux. Les plus vulnérables étaient les pauvres et les personnes marginalisées, notamment les migrants haïtiens et les Dominico-Haïtiens. Ces populations rencontraient des obstacles considérables dans l’accès aux traitements et aux soins. Il a été signalé que des employés étaient soumis à des tests de dépistage du VIH sans leur consentement ou à titre de condition préalable à l’embauche.

Défenseurs des droits humains
Cette année encore, des défenseurs des droits humains ont été la cible d’actes d’intimidation et de harcèlement.
Le 2 février, le militant des droits humains dominico-haïtien Teolé Yeolé García a été expulsé illégalement de Saint-Domingue vers Haïti. Il avait été appréhendé alors qu’il tentait d’intervenir en faveur de compatriotes dominicains qui avaient été illégalement arrêtés pour être expulsés.
Adonis Polanco, militant engagé dans la lutte contre le VIH/sida, a reçu des menaces de mort anonymes, vraisemblablement en raison de son attitude ouvertement critique envers le gouvernement. Il reprochait aux autorités de ne pas fournir les soins nécessaires aux personnes vivant avec le VIH/sida qui habitaient son quartier, dans la ville de Boca Chica.

Visites d’Amnesty International
Des délégués d’Amnesty International se sont rendus en République dominicaine en janvier et en juin.

Autres documents d’Amnesty International

 "I am not ashamed !" : HIV/AIDS and human rights in the Dominican Republic and Guyana (AMR 01/002/2006).

 République dominicaine. Lettre ouverte d’Amnesty International au président de la République dominicaine (AMR 27/001/2006).

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