SALVADOR

L’impunité a persisté pour les violations des droits humains commises dans le passé, en particulier les disparitions forcées. Cette année encore, des violences contre des femmes ont été signalées, mais les enquêtes menées sur ces affaires demeuraient insuffisantes. Des défenseurs des droits humains et des militants politiques ont été menacés.




Contexte<br />
La situation en matière de sécurité était toujours source de préoccupation, et les diverses mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la criminalité violente n’ont apporté aucune amélioration. Le procureur chargé de la défense des droits humains a fait part de son inquiétude devant la réapparition supposée d’escadrons de la mort. Des mouvements de défense des droits humains et des organisations de la société civile ont protesté contre la formulation de la loi antiterroriste adoptée en septembre, qu’ils jugeaient vague. Ils estimaient que le texte ainsi rédigé constituait une menace pour les droits fondamentaux, notamment la liberté de réunion et d’expression.

Disparitions forcées d’enfants
En septembre, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a statué que la plupart des recommandations formulées dans son arrêt de 2005 n’avaient pas été exécutées par le Salvador, ou seulement en partie. Elle avait en particulier exhorté les autorités salvadoriennes à mener une enquête efficace, dans des délais raisonnables, sur la disparition forcée d’Ernestina et Erlinda Serrano Cruz. Âgées respectivement de trois et sept ans, ces deux fillettes avaient disparu en juin 1982 lors d’une opération militaire dans le Chalatenango. La Cour a estimé qu’il incombait encore au Salvador d’établir le lieu où elles se trouvaient, de mener les enquêtes nécessaires et de déférer à la justice les responsables présumés ; elle a également relevé, entre autres, que les autorités n’avaient pas encore mis en place une commission nationale chargée de rechercher les enfants disparus.
À la fin de l’année, la Cour examinait les cas de deux autres enfants qui avaient été victimes de disparition forcée pendant le conflit armé. Elle ne s’était pas encore prononcée sur la responsabilité de l’État dans ces disparitions.

Violences contre les femmes
Selon l’Institut médicolégal, 286 femmes ont été tuées entre janvier et août 2006, ce qui représente une baisse par rapport aux chiffres relevés pour la même période en 2005. Malgré quatre années de campagnes menées par des organisations de défense des droits des femmes, le Bureau du procureur général n’avait toujours pas chargé un service ou un procureur spécial de traiter les affaires de meurtres de femmes. Très peu d’avancées ont été constatées dans les investigations portant sur des cas où des femmes avaient été tuées et, pour certaines, violées au cours des années précédentes.

Défenseurs des droits humains
Des personnes et des organisations œuvrant pour la défense des droits humains ont fait l’objet de menaces et de manœuvres de harcèlement.
Des membres de l’association Entre Amigos (Entre amis), y compris son directeur, William Hernández, ont reçu des menaces de mort et étaient, semble-t-il, surveillés. Ces actes avaient pour but de pousser l’organisation à cesser ses activités en faveur des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles et transgenres. Le 1er juin, peu après le départ du policier chargé d’assurer sa protection, qui avait terminé sa journée de travail, William Hernández a été tenu sous la menace d’une arme à feu devant le bureau de l’association, à San Salvador. Deux jours plus tôt, des individus s’étaient introduits par effraction dans le bureau. Ils avaient brisé des vitres, fouillé dans les dossiers et écrit des menaces sur des morceaux de papier. Ils n’avaient volé aucun équipement de valeur, mais s’étaient emparés de plusieurs documents relatifs au programme de l’organisation. Tous ces faits ont été signalés aux autorités mais les enquêtes qui ont suivi se sont révélées superficielles. Fin 2006, aucun responsable présumé n’avait été déféré à la justice.

Escadrons de la mort
La société civile s’est émue des signes selon lesquels les escadrons de la mort qui avaient sévi durant le conflit armé des années 1980-1991 avaient réapparu.
Francisco Antonio Manzanares et Juana Monjarás de Manzanares ont été assassinés le 2 juillet à leur domicile. Avant cette date, leur fille Marina Manzanares, présentatrice radio et militante de longue date du principal parti de l’opposition, le Frente Farabundo Martí de Liberación Nacional (FMLN, Front Farabundo Martí de libération nationale), avait tout comme sa mère reçu des menaces de mort. Son frère, Francisco Manzanares, lui aussi militant politique, a été tué en 1996. Personne n’avait été traduit en justice pour ces assassinats à la fin de l’année.

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