BANGLADESH

Cette année encore, des bandes liées aux partis politiques ont commis des atteintes aux droits humains dans un contexte de violences politiques généralisées. La police a fait usage d’une force excessive contre des rassemblements de l’opposition et contre des manifestants qui réclamaient une amélioration de leurs conditions de vie. De très nombreux militants politiques ont été victimes d’arrestations arbitraires. Un très grand nombre de personnes ont été tuées lors d’attentats à l’explosif ou d’affrontements violents entre les sympathisants de l’opposition et ceux du parti au pouvoir. Comme les années précédentes, des femmes ont été victimes de violences, notamment d’agressions à l’acide. Des condamnations à mort ont été prononcées et une exécution a eu lieu.




Contexte

L’exacerbation des tensions entre la coalition au pouvoir et l’alliance d’opposition a entraîné des heurts violents qui ont causé la mort de très nombreuses personnes ; des centaines d’autres ont été blessées.
Les partis d’opposition regroupés autour de l’Awami League (Ligue Awami) ont organisé une série de manifestations massives pour réclamer la démission du commissaire électoral, qu’ils considéraient comme favorable au Bangladesh National Party (BNP, Parti nationaliste du Bangladesh), au pouvoir. Ils contestaient la composition de la Commission électorale et affirmaient que l’établissement des listes électorales était biaisé et entaché d’irrégularités.
Le mandat du gouvernement est arrivé à son terme fin octobre. À la suite d’affrontements violents et généralisés entre membres du parti sortant et militants de l’opposition, la personne qui devait prendre la tête du gouvernement s’est désistée. Le président Iajuddin Ahmed s’est alors attribué cette fonction, ce qui a suscité une vaste controverse sur la constitutionnalité d’une telle décision.
De nombreuses grèves et manifestations de grande ampleur ont été organisées par des ouvriers des usines textiles, des agriculteurs et des instituteurs qui réclamaient une amélioration de leurs conditions de vie.


Violences et atteintes aux droits humains

Des attentats à l’explosif ont été perpétrés, mais leur nombre était en nette diminution par rapport aux années précédentes. Ils ont visé essentiellement des membres des partis d’opposition ainsi que des tribunaux.
Le 31 octobre, un attentat a été commis à Rajshahi contre plusieurs partis d’opposition, dont le Gono Forum. Ceux-ci en ont attribué la responsabilité aux cadres du Bangladesh Islami Chhattro Shibir (Camp des étudiants islamiques du Bangladesh), la section de jeunesse du parti Jamaat-e Islami (Société de l’islam). Le 15 novembre, huit personnes auraient été blessées dans l’explosion d’une série de petites bombes à proximité des bureaux de la Ligue Awami. À la connaissance d’Amnesty International, personne n’a été traduit en justice.
Aucun responsable des attaques à la grenade perpétrées en août 2004 contre Sheikh Hasina, dirigeante de la Ligue Awami, n’avait été déféré devant les tribunaux à la fin de l’année.
Violences électorales
De très nombreuses personnes ont trouvé la mort lors d’affrontements entre le parti au pouvoir et les formations de l’opposition à l’approche des élections législatives. Personne n’a, semble-t-il, été traduit en justice pour ces actes.
Selon le groupe de défense des droits humains Odhikar (Droits), 50 personnes au moins ont été tuées et plus de 250 autres blessées entre le 27 octobre et le 5 novembre lors de heurts entre les deux principaux partis. Ces violences étaient liées aux revendications de l’opposition, qui réclamait notamment la démission du commissaire électoral.

Brutalités policières
La police a pris régulièrement pour cible les rassemblements de l’opposition. Elle s’en est pris aux principaux militants, qu’elle a roués de coups.
Saber Hossain Chowdhury, cadre de la Ligue Awami, a été blessé à la tête lorsqu’il a été violemment frappé par plus de 12 policiers le 6 septembre.
Asaduzzaman Noor, député de l’opposition, a été battu par des policiers le 12 septembre ; il a été hospitalisé pour de graves blessures au dos. Aucun des fonctionnaires impliqués n’a été traduit en justice.
Comme les années précédentes, la police a utilisé une force excessive, notamment en tirant à balles réelles, pour disperser des manifestants. Parmi ces derniers, plusieurs dizaines ont été tués et des centaines d’autres ont été blessés.
En avril, 17 personnes au moins ont trouvé la mort lors de manifestations contre des coupures d’électricité dans la ville septentrionale de Kansat. Les policiers ont tiré des balles réelles ainsi que des balles en caoutchouc et aspergé la foule de gaz lacrymogène pour la disperser. Aucune enquête indépendante n’a été ouverte sur ces homicides.
Cinq personnes au moins ont été tuées et plus d’une centaine d’autres ont été blessées le 26 août à Phulbari après que des policiers et des membres du groupe paramilitaire Bangladesh Rifles eurent tiré à balles réelles sur des manifestants qui protestaient contre le projet d’exploitation d’une mine de charbon à ciel ouvert par l’entreprise britannique Asia Energy Corporation. Par la suite, les autorités ont fait droit à certaines demandes des manifestants, assurant à ces derniers qu’ils ne seraient pas chassés de leurs terres et ne perdraient pas leurs moyens de subsistance à cause de la mine.

Arrestations arbitraires massives
Des milliers de personnes ont été arrêtées avant des rassemblements de partis d’opposition ; des milliers d’autres, soupçonnées d’activités délictueuses, ont été incarcérées. Les familles n’étaient pas informées de l’arrestation de leurs proches et étaient obligées de partir à leur recherche dans les postes de police. Nombre de ces détenus ont été maintenus en détention sans inculpation ni jugement pendant plusieurs semaines ; d’autres ont été remis en liberté sous caution au bout de quelques jours.

Violences contre les femmes
Cette année encore, des femmes ont été battues à mort ou étranglées pour n’avoir pas fourni la dot réclamée par leur mari. D’autres ont été victimes d’agressions à l’acide. Des employées de maison ont été maltraitées ou tuées parce qu’elles ne parvenaient pas à effectuer des journées de travail excessivement longues.
Selon des informations réunies par l’Institut bangladais d’études sur le travail, au moins 169 employées de maison ont été tuées dans la seule ville de Dacca entre 2000 et 2005 ; 122 autres ont été grièvement blessées et 52 ont été violées. Il semble que les enfants constituaient une proportion importante parmi les victimes.

Peine de mort
Au moins 130 personnes ont été condamnées à mort et un homme a été exécuté.

Autres documents d’Amnesty International

 Bangladesh : Briefing to political parties for a human rights agenda (ASA 13/012/2006).

 Bangladesh. La passation de pouvoir au gouvernement intérimaire marquée par la violence (ASA 13/014/2006).

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