Tadjikistan

De nouvelles restrictions ont été imposées à la liberté de religion. Des dizaines de membres présumés de groupes islamistes interdits ont été incarcérés et auraient subi des actes de torture ou d’autres mauvais traitements. Certains ont été condamnés au terme de procès contraires aux règles d’équité les plus élémentaires.

Contexte
À l’occasion du dixième anniversaire de l’accord de paix de 1997 qui avait mis fin à cinq années de guerre civile, une grâce présidentielle a été décrétée. Elle s’appliquait aux anciens combattants de l’opposition, mais excluait les détenus reconnus coupables d’activités terroristes ou de meurtre. Le Bureau d’appui des Nations unies pour la consolidation de la paix au Tadjikistan a achevé sa mission de sept ans en juillet.
La Cour suprême a interdit 10 organisations qualifiées de terroristes, dont le Parti islamique du Turkestan, également connu sous le nom de Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO), et Tadjikistan libre, un parti politique basé en Ouzbékistan et considéré par les autorités comme une menace pour la sécurité nationale.
En mars, le président Imamali Rakhmonov a retiré le suffixe russe de son nom – s’appelant depuis lors Rakhmon. Il a préconisé que tous les nouveau-nés soient déclarés avec des noms de famille tadjiks.

Liberté de religion
La liberté de religion était réprimée. Des mosquées non enregistrées ont été fermées ou démolies dans la capitale, Douchanbé, où, selon certaines informations, des projets d’urbanisme menaçaient la synagogue et plusieurs églises. Un projet de loi sur la religion proposait des critères d’enregistrement très rigoureux ne permettant guère aux minorités religieuses d’introduire ou de réintroduire une demande en vue d’obtenir un statut juridique. Ce projet prévoyait en outre de limiter le nombre de lieux de culte officiels et d’interdire toute activité missionnaire. Dans l’attente de son adoption, le gouvernement n’a accepté aucune demande d’enregistrement.
 ?En octobre, le gouvernement a retiré aux témoins de Jéhovah leur statut juridique et a prononcé l’interdiction de toutes leurs activités. Ils avaient été enregistrés pour la première fois en 1994. Selon des responsables des pouvoirs publics, cette décision se fondait sur le refus des témoins de Jéhovah d’effectuer leur service militaire et sur leurs activités prosélytes. Deux groupes protestants ont par ailleurs été suspendus pendant trois mois. Ces trois organisations ont fait appel.

Atteintes aux droits humains visant des islamistes présumés
Des dizaines de membres avérés ou présumés de groupes islamistes interdits, notamment du MIO, ont été incarcérés pour des motifs liés à la sécurité nationale et auraient subi des actes de torture ou d’autres mauvais traitements durant leur détention. Au moins 20 membres présumés du MIO ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement au terme de procès non conformes aux normes internationales d’équité – ils avaient par exemple été présentés comme coupables dans des déclarations publiques antérieures au procès.

« Guerre contre le terrorisme »
En août, un tribunal de Douchanbé a condamné à une peine de dix-sept ans d’emprisonnement deux hommes qui avaient été transférés au Tadjikistan en mars, après avoir été détenus pendant six ans par l’armée américaine à Guantánamo Bay. Ils ont été reconnus coupables d’avoir franchi illégalement la frontière afghane en 2001 pour combattre dans les rangs du MIO contre les forces américaines et alliées.
Au mois de mars, un tribunal dans le sud du pays a condamné un autre ancien prisonnier de Guantánamo à une peine de vingt-trois ans d’emprisonnement pour avoir participé à un attentat à l’explosif au Tadjikistan en 2000. Selon certaines informations, il avait été capturé par l’armée américaine en Afghanistan.

Autres documents d’Amnesty International

  • Central Asia : Summary of Human Rights Concerns. January 2006 - March 2007 (EUR 04/001/2007).
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