ZAMBIE

République de Zambie
CAPITALE : Lusaka
SUPERFICIE : 752 614 km²
POPULATION : 10,9 millions
CHEF DE L’ÉTAT et du GOUVERNEMENT : Levy Mwanawasa
PEINE DE MORT : maintenue
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome ratifié
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé

Cette année encore, les journalistes, les opposants et les membres d’organisations de la société civile étaient particulièrement exposés au risque d’être arrêtés arbitrairement ou soumis à des actes de harcèlement. Des parlementaires figuraient parmi les dirigeants de l’opposition placés en détention. Des réformes législatives ont été promises en vue d’améliorer l’action des pouvoirs publics dans le domaine de la lutte contre les violences faites aux femmes. Le président Mwanawasa a commué une soixantaine de condamnations à mort, mais la peine capitale n’a pas été abolie.

Contexte
Le travail de la Commission de révision constitutionnelle, dont la plupart des membres ont été nommés par le président Mwanawasa en 2003, a suscité dans la population un mouvement en faveur de la tenue d’une consultation populaire sur les principales réformes constitutionnelles. En septembre, le ministre de la Justice, George Kunda, a menacé d’engager des poursuites pénales pour trahison contre les détracteurs du gouvernement qui demandaient qu’une nouvelle Constitution soit adoptée par une assemblée élue avant la tenue des élections de 2006. Le recours déposé devant la Cour suprême pour contester les résultats de l’élection présidentielle de 2001, entachée d’irrégularités selon les observateurs, n’avait toujours pas été examiné à la fin de l’année. Le parquet a abandonné certaines des charges de corruption retenues contre l’ancien président Frederick Chiluba, arrêté en 2003 puis libéré sous caution dans l’attente de son procès.

Atteintes à la liberté d’expression
Cette année encore, les journalistes, les partisans de l’opposition et les membres d’organisations de la société civile jugées critiques à l’égard du régime risquaient d’être harcelés ou arrêtés. Les autorités ont continué à prononcer des mesures restrictives, mais celles-ci étaient pour la plupart annulées par les tribunaux pour inconstitutionnalité.
Le 5 janvier, Roy Clarke, un ressortissant britannique résidant en Zambie depuis quarante ans et chroniqueur au journal The Post, s’est vu intimer l’ordre de quitter le pays dans les vingt-quatre heures après la publication, le même jour, d’un article dans lequel il aurait injurié le président Mwanawasa. Cette injonction a ensuite été annulée par les tribunaux.
En mai, l’organisation de femmes Women for Change (Femmes pour le changement) a été avertie qu’elle pourrait se voir retirer son agrément ; sa présidente, Emily Sikazwe, a été menacée de perdre sa nationalité et d’être expulsée au Malawi, semble-t-il en raison de son action en faveur des droits humains et de ses prises de position critiques à l’égard du gouvernement.
En novembre, les autorités ont retiré son agrément au Southern Africa Centre for Constructive Resolution of Disputes (SACCORD, Centre d’Afrique australe pour une résolution constructive des conflits), au motif que les prises de position du Centre contre le processus de révision constitutionnelle constituaient une menace pour la sécurité nationale. Les tribunaux ont prononcé un sursis à l’exécution du retrait.
En décembre, 11 parlementaires et 57 autres personnes qui tentaient de manifester pour exiger l’adoption d’une nouvelle Constitution avant les élections de 2006 ont été détenus pendant une courte période à Lusaka et inculpés de réunion illégale. Des journalistes qui couvraient la manifestation auraient été frappés par des policiers.
La police a refusé à certains partis d’opposition l’autorisation d’organiser des rassemblements. Par ailleurs, les dirigeants de ces partis peinaient à se faire entendre des médias contrôlés par l’État, qui accordaient une place prépondérante au parti au pouvoir.
Le Zambia Republican Party (ZRP, Parti républicain de Zambie) s’est vu refuser l’autorisation d’organiser un rassemblement à Lusaka en janvier ; un refus similaire a été opposé au United Party for National Development (UPND, Parti uni pour le développement national), qui voulait tenir un meeting à Mumbwa en juillet. En août, à Lusaka, des sympathisants du parti au pouvoir ont agressé les participants à un rassemblement du Patriotic Front (PF, Front patriotique), un mouvement d’opposition. Deux personnes ont été blessées.

Violences contre les femmes
Une enquête de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) publiée en juin a mis en lumière l’importance des violences contre les femmes en Zambie. Parmi les femmes interrogées, 48 p. cent ont indiqué qu’elles avaient subi des violences physiques ou sexuelles. Quatre nouveaux cas de viol étaient déclarés chaque jour en juin dans un hôpital de Lusaka, selon certaines informations. L’unité de la police chargée de l’aide aux victimes manquait de moyens, notamment dans les zones rurales, où l’application du droit coutumier continuait d’entraver l’exercice des droits des femmes en matière de sexualité et de reproduction. Le président Mwanawasa a ordonné que la législation relative à la violence contre les femmes soit améliorée, après que des organisations de juristes eurent formulé, en juin, des critiques dans ce domaine. Aucun projet de loi portant modification de la législation existante n’avait été déposé au Parlement fin 2004.

Brutalités policières
Cette année encore, des suspects placés en détention ont été torturés par la police. Au mois de mai, un membre du gouvernement a exprimé son inquiétude au sujet du coût élevé des indemnisations versées aux victimes de brutalités policières.
Au mois d’août, des policiers de Lusaka auraient frappé Joseph Bwalya à l’aide d’une barre de fer après qu’il eut exigé d’un ancien député qu’il lui rembourse ses dettes.
En mars, à Munali, des policiers auraient attaché Aliyele Sakala à une grille pendant trois jours et l’auraient roué de coups jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Il aurait été paralysé durant une longue période à la suite de ces violences, qui lui auraient été infligées parce qu’il n’avait pas remboursé une dette.

Peine de mort
En mai, le président Mwanawasa a commué les peines de mort de 15 prisonniers condamnés, dans des affaires indépendantes, pour meurtre et vol à main armée. En février, il a commué les condamnations à mort de 44 soldats reconnus coupables de participation, en 1997, à une tentative avortée de coup d’État. En juin, l’un des 44 militaires concernés, Jack Chiti, a été libéré de prison pour raisons de santé. Le chef de l’État a de nouveau assuré qu’aucune exécution n’aurait lieu sous sa présidence.

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