Honduras

République du Honduras
CAPITALE : Tegucigalpa
SUPERFICIE : 112 088 km²
POPULATION : 7,1 millions
CHEF DE L’ÉTAT et du GOUVERNEMENT : Ricardo Maduro
PEINE DE MORT : abolie
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome ratifié
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé

Le nombre d’enfants et de jeunes gens décédés de mort violente a encore atteint des niveaux alarmants. Des membres d’associations de défense des droits humains, de groupes indigènes et de la communauté des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) ont été la cible d’actes d’intimidation, de manœuvres de harcèlement et de menaces de mort. Deux militants indigènes étaient détenus pour des motifs politiques.

Contexte

L’année a été marquée par les manifestations publiques organisées pour dénoncer la corruption de l’État, les abattages forestiers illégaux et d’autres problèmes socioéconomiques.
En novembre, le ministère public a annoncé que les charges de corruption retenues contre l’ancien président, Rafael Callejas, allaient être abandonnées. Cette annonce a déclenché une crise au sein du parquet ; en effet, après avoir été remerciés ou suspendus, les procureurs concernés par cette affaire ont à leur tour exigé la révocation du procureur général.

Enfants et jeunes gens

Cette année encore, les autorités ont omis de prendre des mesures efficaces pour prévenir ou instruire les affaires relatives aux homicides d’enfants et de jeunes gens. Plus de 350 morts violentes ont été signalées dans cette catégorie de la population. Malgré les progrès réalisés dans quelques enquêtes, seulement trois condamnations ont été prononcées.
Critiquée par des groupes de défenseurs des droits humains parce qu’elle restreignait considérablement le droit à la liberté d’association, la Loi relative à la lutte contre les maras, adoptée en 2003 pour faire face à la criminalité des bandes de jeunes, aurait conduit à l’arrestation d’environ 1 500 membres présumés de maras. Dans bien des cas, leur seul crime était de porter des tatouages. À la fin de l’année, la majorité des personnes interpellées n’avaient été ni jugées ni inculpées.
En mai, 104 jeunes gens ont trouvé la mort dans la prison de San Pedro Sula, après qu’un incendie se fut déclaré dans une cellule. Ils étaient tous, de même que les blessés, membres du gang Salvatrucha et étaient restés bloqués dans leur cellule pendant l’incendie. Une plainte pour homicide par imprudence a été déposée contre le directeur de l’établissement, mais les poursuites ont ensuite été abandonnées faute de preuves.
Cinquante et une personnes, parmi lesquelles des policiers, des soldats et des détenus, ont été traduites en justice pour leur rôle dans la mort, en avril 2003, de 69 autres, et notamment de 61 membres du gang M-18, dans la prison El Porvenir. L’accusation a considéré que ces homicides avaient été programmés par les autorités dans le cadre d’un conflit portant sur l’introduction de stupéfiants dans la prison. En décembre, l’homme qui dirigeait l’établissement au moment des faits a été reconnu coupable de ces homicides. La peine devait être prononcée en février 2005. Les procès étaient en cours pour les autres accusés.

Défenseurs des droits humains

Des membres d’organisations de défense des droits humains ont été victimes d’actes de harcèlement et d’intimidation. Andrés Pavón Murillo, président du Comité para la Defensa de los Derechos Humanos en Honduras (CODEH, Comité pour la défense des droits humains au Honduras), a reçu des menaces téléphoniques et s’est fait injurier à la télévision et à la radio ; il avait affirmé que des membres du gouvernement étaient mêlés à des atteintes aux droits humains et s’étaient rendus coupables d’imprudence et de déni de justice dans l’affaire de l’incendie de la prison de San Pedro Sula. Des personnes travaillant au Centro de Prevención, Tratamiento y Rehabilitación de las Víctimas de la Tortura y sus Familiares (CPTRT, Centre de prévention, de traitement et de réadaptation pour les victimes de torture et leur famille) ont été menacées de mort par des individus qui avaient pénétré par effraction dans les locaux de l’association.
Malgré des informations indiquant que deux des responsables présumés de l’assassinat du journaliste Germán Antonio Rivas, perpétré en novembre 2003, avaient été identifiés, les autorités n’ont pas procédé à leur arrestation.

Populations indigènes

Des militants indigènes ont fait l’objet de menaces et de manœuvres de harcèlement. Deux d’entre eux étaient détenus pour des motifs d’ordre politique.
En mai, plusieurs dirigeants de la Coordinación Regional de Resistencia Popular (CRRP, Coordination régionale de la résistance populaire) et du Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas de Honduras (COPINH, Conseil civique d’organisations populaires et indigènes du Honduras) du département d’Intibucá ont été harcelés et menacés de mort. L’un des responsables du CRRP, José Idalecio Murillo, et sept membres de sa famille sont sortis indemnes d’une fusillade au cours de laquelle quatre hommes avaient tiré sur leur maison.
En dépit d’éléments révélant de graves irrégularités de procédure, une cour d’appel a confirmé la peine de vingt-cinq ans d’emprisonnement infligée à Marcelino et Leonardo Miranda, deux frères qui dirigeaient le COPINH et qui ont été torturés à plusieurs reprises pendant leur détention provisoire, en 2003. En novembre, toutefois, le recours formé devant la Cour suprême a été jugé fondé et l’affaire a été renvoyée devant la cour d’appel de Santa Rosa de Copán. Amnesty International estimait que les deux frères n’avaient pas bénéficié d’un procès équitable et que leur inculpation avait eu pour but de les « punir » pour leur action en faveur du respect des droits humains.

Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT)

Cette année encore, le climat hostile que la communauté LGBT hondurienne a dû affronter a suscité des inquiétudes. En septembre, à l’instigation de l’Église évangélique, le Congrès national a recommandé l’annulation de la décision, intervenue en août, d’accorder un statut juridique à trois organisations LGBT au motif que cette décision portait atteinte « à la famille, à l’ordre public et aux bonnes mœurs ». Des responsables gouvernementaux ont néanmoins défendu cette décision en faisant valoir qu’elle ne contrevenait pas aux lois honduriennes et était conforme aux conventions internationales signées par le Honduras.
Aucun progrès n’a été constaté dans l’enquête de police ouverte après le meurtre d’Erick David Yáñez, alias Ericka, perpétré en 2003. Des membres de la Comunidad Gay Sampedrana (Communauté gay de San Pedro Sula), une organisation non gouvernementale de défense des droits des LGBT installée à San Pedro Sula, la ville où le meurtre a eu lieu, ont été en butte à des actes de harcèlement et d’intimidation, alors même que la Commission interaméricaine des droits de l’homme avait, dès l’année 2003, enjoint aux autorités de prendre des mesures pour protéger quatre membres de cette association.

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