Corée du Nord

La Corée du Nord a connu cette année sa pire pénurie alimentaire depuis la fin des années 1990. Des millions de personnes ont été affectées. Les Nord-Coréens continuaient de gagner la Chine voisine par milliers, généralement à la recherche de nourriture et de meilleures conditions économiques. Les personnes arrêtées et renvoyées de force dans leur pays étaient ensuite internées dans des camps, où elles étaient astreintes aux travaux forcés, torturées ou, plus généralement, maltraitées. Les atteintes aux droits humains étaient toujours aussi nombreuses. Les autorités continuaient d’arrêter et d’exécuter des individus de manière arbitraire et pour des raisons politiques. Les libertés d’expression et de mouvement restaient extrêmement limitées. Les pouvoirs publics refusaient toujours d’autoriser la venue d’observateurs indépendants de la situation en matière de droits humains.

CHEF DE L’ÉTAT : Kim Jong-il
CHEF DU GOUVERNEMENT : Kim Yong-il
PEINE DE MORT : maintenue
POPULATION : 23,9 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 66,8 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F)  : 62 / 62 ‰

Contexte

Dans le cadre du processus de dénucléarisation de la péninsule coréenne, la Corée du Nord a soumis en juin au ministère chinois des Affaires étrangères une liste répertoriant ses installations et matériels nucléaires. En octobre, le gouvernement des États-Unis a retiré la Corée du Nord de la liste des pays soutenant le terrorisme, après que celle-ci eut accepté d’autoriser l’accès sans entraves à l’ensemble de ses installations nucléaires.
L’Assemblée générale des Nations unies a approuvé en novembre une résolution dans laquelle elle se disait profondément préoccupée par les violations des droits humains en Corée du Nord.

Droit à l’alimentation

Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), des millions de Nord-Coréens ont souffert en 2008 de la faim, dans des proportions inconnues depuis une dizaine d’années. Dans ce contexte, les femmes, les enfants et les personnes âgées étaient particulièrement vulnérables. La production alimentaire a chuté et les importations dans ce secteur étaient en baisse. Selon certaines informations, les appels téléphoniques longue distance ont été bloqués, pour éviter que les informations concernant la pénurie ne se propagent.
Une étude réalisée en juin par le PAM et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), portant sur 53 comtés répartis dans huit provinces, indiquait que près des trois quarts des foyers nord-coréens avaient vu leurs apports alimentaires se réduire. La majorité des familles ont renoncé aux aliments riches en protéines, pour un régime de subsistance à base de céréales et de légumes. Une grande partie de la population en était réduite à consommer des plantes cueillies dans la nature, peu nutritives et souvent indigestes. Selon le PAM et la FAO, les diarrhées, liées à une consommation accrue de produits de cueillette, constituent l’un des principaux problèmes de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans.
Dans ce contexte de très grave pénurie, les autorités n’assuraient pas à la population de minimum alimentaire. En raison des relations tendues qu’elle entretient avec la Corée du Sud, la Corée du Nord n’a pas demandé d’aide à cette dernière, qui avait pourtant été l’un des principaux pays donateurs de riz et d’engrais les années précédentes.

Migrants, réfugiés et demandeurs d’asile

Des milliers de personnes sont passées en Chine, généralement à la recherche de meilleures conditions alimentaires et économiques, mais également pour fuir la répression politique. Certaines n’effectuaient qu’un court séjour dans le pays voisin, le temps de trouver de la nourriture et divers autres produits de première nécessité, puis rentraient chez elles. D’autres, surtout des femmes, s’installaient durablement, souvent en se mariant avec des agriculteurs chinois. Certains individus profitaient de la vulnérabilité de ces femmes pour les exploiter et les marier de force. La majorité des Nord-Coréens présents en Chine vivaient dans la peur d’être arrêtés et renvoyés dans leurs pays contre leur gré. La quasi-totalité des personnes rapatriées de force étaient, à leur retour en Corée du Nord, internées pour une durée de trois ans dans des camps, où elles étaient soumises aux travaux forcés, à la torture et à divers autres mauvais traitements.
Des centaines de Nord-Coréens ont réussi à gagner la Thaïlande via la Chine et ont demandé leur réinstallation dans un pays tiers. La majorité d’entre eux partaient en Corée du Sud, qui leur accordait la nationalité. Un certain nombre avaient cependant du mal à s’adapter à la vie dans ce pays et quelques-uns souffraient même, apparemment, de stress post-traumatique. D’autres, de plus en plus nombreux, partaient vers d’autres pays, essentiellement en Europe.

  • Le 2 décembre, les autorités du Myanmar ont arrêté 19 Nord-Coréens, dont un petit garçon de sept ans, alors qu’ils tentaient de passer en Thaïlande. Elles leur reprochaient d’être entrés illégalement sur le territoire myanmar. On craignait que ces personnes ne soient renvoyées contre leur gré en Corée du Nord.

Conditions carcérales

Les personnes internées dans des camps ou placées en centre de détention étaient astreintes à des travaux physiques pénibles (bûcheronnage en montagne, extraction de pierres dans les carrières, etc.), bien souvent pendant dix heures ou plus par jour, sans jour de repos. Les prisonniers soupçonnés de mensonge, ou qui ne travaillaient pas assez vite ou avaient oublié les paroles de chants patriotiques, étaient frappés par les gardiens et soumis à diverses autres punitions, qui pouvaient aller de l’exercice physique forcé à l’humiliation en public, en passant par l’obligation de rester assis sans bouger pendant des heures.
Certains prisonniers sont tombés malades ou sont morts en détention, ou peu après leur libération, en raison des mauvais traitements dont ils avaient été victimes (travaux forcés, mauvaise alimentation, violences, manque de soins médicaux et conditions de vie insalubres).

Peine de mort

Le gouvernement a, cette année encore, fait pendre ou fusiller un certain nombre de personnes. Selon certaines informations, les pouvoirs publics auraient procédé à des exécutions dans une stratégie de dissuasion des activités politiques ou économiques non autorisées. En février, les autorités nord-coréennes ont exécuté en public 15 personnes accusées d’avoir franchi illégalement la frontière avec la Chine, semble- t-il à titre d’avertissement pour celles et ceux qui seraient tentés de les imiter.
En décembre 2008, la Corée du Nord a voté contre une résolution de l’Assemblée générale des Nations unies appelant à un moratoire mondial sur les exécutions.

Disparitions forcées

La politique de disparitions forcées appliquée par la Corée du Nord depuis la guerre de Corée (1950-1953) était toujours d’actualité. Des proches nord- coréens de dissidents présumés ont disparu, au nom du principe de « culpabilité par association ».
Les autorités refusaient toujours de reconnaître qu’elles avaient recours à ce genre de pratiques. Des responsables nord-coréens ont toutefois accepté, au mois d’août, de rouvrir l’enquête sur plusieurs cas de ressortissants japonais soumis à des disparitions forcées depuis les années 1970.

Liberté d’expression

Le gouvernement contrôlait très étroitement la presse et limitait strictement toute pratique religieuse. Selon certaines informations, plusieurs personnes auraient été arrêtées pour avoir regardé des vidéos sud-coréennes ou parce qu’elles possédaient des téléphones portables sans autorisation.

Surveillance internationale

Les pouvoirs publics refusaient toujours d’autoriser la venue d’observateurs indépendants spécialisés dans les droits humains. En décembre, l’Assemblée générale des Nations unies a exprimé sa profonde inquiétude face au refus de la Corée du Nord de reconnaître le mandat du rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme dans ce pays.

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