Corée du Sud

La police antiémeutes a eu recours à une force excessive lors de la dispersion de manifestations essentiellement pacifiques, organisées pour protester contre l’importation de viande bovine en provenance des États-Unis. De nombreux immigrés en situation irrégulière ont été expulsés. Selon certaines informations, plusieurs auraient été victimes, au moment de leur arrestation, de traitements cruels, inhumains et dégradants. La situation en matière de liberté d’expression, de réunion et d’association suscitait un regain d’inquiétude, au regard des menaces planant sur les manifestants, les syndicalistes et les journalistes. Aucune exécution n’a eu lieu, mais 58 personnes restaient sous le coup d’une condamnation à mort. La proposition de loi visant à l’abolition de la peine de mort a été abandonnée en mars, faute d’avoir été examinée dans les délais légaux.

CHEF DE L’ÉTAT : Roh Moo-hyun, remplacé par Lee Myung-bak le 25 février
CHEF DU GOUVERNEMENT : Han Duck-soo, remplacé par Han Seung-soo le 29 février
PEINE DE MORT : abolie en pratique
POPULATION : 48,4 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 77,9 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F)  : 5 / 5 ‰

Recours excessif à la force

Organisées presque quotidiennement de mai à début juillet, des manifestations silencieuses tenues à la lueur des bougies ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes qui entendaient protester contre les importations de viande bovine en provenance des États-Unis. Lors de ces rassemblements, très généralement pacifiques, des policiers ont frappé des participants à coup de bouclier et de matraque ; ils ont également fait usage de canons à eau à très courte distance. Un certain nombre de manifestants interpellés n’ont en outre pas reçu les soins médicaux que leur état imposait. Des manifestants ont été blessés (fractures, traumatismes crâniens, cécité temporaire, tympans éclatés, etc.).

Droits des immigrés

Le gouvernement a annoncé en septembre son intention d’expulser d’ici 2012 environ la moitié des travailleurs immigrés en situation irrégulière, soit, selon certaines estimations, quelque 220 000 personnes. Les arrestations effectuées dans le cadre de la répression en cours contre ces travailleurs ont donné lieu à un nombre croissant d’actes constituant des traitements cruels, inhumains et dégradants.

  • Au mois de novembre, quelque 280 policiers et agents des services d’immigration ont effectué des descentes dans des usines et des dortoirs de la ville de Maseok, dans la province de Gyeonggi. Au moins 110 travailleurs immigrés, en situation aussi bien régulière qu’irrégulière, ont été arrêtés, dans le cadre de véritables rafles. Une femme qui n’avait pas été autorisée à aller aux toilettes a été contrainte d’uriner en public. Un homme s’est cassé la jambe en tentant de s’échapper. Il a ensuite été menotté et a dû attendre cinq heures avant d’être autorisé à se rendre à l’hôpital.
  • Le gouvernement a expulsé en mai Torna Limbu, de nationalité népalaise, et Abdus Sabur, de nationalité bangladaise, respectivement président et vice-président du Syndicat des travailleurs migrants de Séoul-Gyeonggi-Incheon, malgré l’appel lancé par la Commission nationale des droits humains, qui demandait aux autorités de surseoir à cette mesure, le temps qu’elle enquête sur les allégations selon lesquelles les deux hommes auraient été frappés par des agents des services d’immigration au moment de leur arrestation. Il était à craindre que Torna Limbu et Abdus Sabur n’aient été pris pour cible en raison de leurs activités syndicales.

Liberté d’expression, d’association et de réunion

Mouvement syndical
Selon la Confédération coréenne des syndicats, une bonne trentaine d’usines ont été le théâtre de mouvements de protestation de travailleurs immigrés en situation irrégulière. Ces derniers, qui dénonçaient les écarts de salaire, à travail égal, avec les employés en situation régulière, ont fait l’objet de brutalités de la part des forces de sécurité. Ils risquaient également de perdre leur travail au bout de deux ans, leur employeur évitant ainsi d’avoir à les régulariser, comme le prévoit la Loi de 2007 sur l’emploi contractuel.

Indépendance de la presse
Les présidents et les directeurs de plusieurs chaînes et sociétés de télévision – Korean Broadcasting System (KBS), Korean Broadcasting Advertising Corporation, Arirang TV, Sky Life et Yonhap Television Network (YTN) – ont été remplacés par des personnalités favorables au gouvernement.

  • La nomination à la tête de YTN de Ku Bon-hong, ancien proche collaborateur du président de la République, Lee Myung-bak, a suscité une vague de protestations. Ku Bong-hon a riposté en attaquant en justice 12 journalistes syndiqués et en en licenciant six autres, pour « ingérence dans les affaires de l’entreprise ».

Objecteurs de conscience

Pour avoir refusé d’accomplir le service militaire obligatoire, 408 objecteurs de conscience au moins – des témoins de Jéhovah pour la plupart – ont été incarcérés. Ce chiffre était en nette diminution par rapport à 2007, où 733 objecteurs de conscience avaient été emprisonnés. Cette tendance était en grande partie due au fait que de nombreux dossiers n’avaient pas été examinés, dans la perspective de la mise en place, annoncée pour 2009, d’un service de remplacement.Or le ministère de la Défense a décidé en décembre de remettre ce projet à plus tard, en raison du manque de soutien de l’opinion publique.

  • Pour ne pas avoir regagné son poste et avoir désobéi aux ordres qui lui avaient été donnés, Lee Gil-joon a été condamné à un an et demi d’emprisonnement. Cet appelé affecté dans la police antiémeutes récusait la violence employée pour disperser les manifestations silencieuses organisées pendant l’année.

Arrestations et détentions arbitraires – Loi relative à la sécurité nationale

Cela faisait soixante ans en 2008 que la Loi relative à la sécurité nationale était entrée en vigueur. Au mois de décembre, au moins neuf personnes étaient détenues pour de supposées infractions définies en des terme vagues par ce texte.

  • Le 26 août, la police a arrêté sept militants de la Ligue des travailleurs socialistes de Corée, dont un universitaire, le professeur Oh Se-chul, accusés d’avoir violé les articles 3 (constitution de groupes hostiles à l’État) et 7 (apologie de groupes hostiles à l’État ou soutien à ces groupes) de la Loi relative à la sécurité nationale. Le tribunal du district central de Séoul a rejeté les mandats d’arrêt soumis par le parquet, au motif que les éléments de preuve étaient insuffisants. Le 14 octobre, la police a de nouveau soumis un mandat d’arrêt contre le professeur Oh Se-chul, mais celui-ci a une fois encore été rejeté par le tribunal, pour la même raison.

Réfugiés et demandeurs d’asile

Au total, 364 demandes de statut de réfugié ont été déposées en 2008. Trente-six personnes se sont vu reconnaître la qualité de réfugié et 22 ont obtenu une protection à titre humanitaire. Soixante-dix-neuf demandes ont été rejetées. Les services d’immigration souffraient d’un manque de moyens inquiétant, avec plus de 1 200 dossiers de demandes d’asile en souffrance.

Violences contre les femmes et les filles

En janvier, le président élu Lee Myung-bak a déclaré qu’il ne demanderait pas au Japon des excuses pour les atrocités perpétrées durant la guerre.
Le Parlement sud-coréen a adopté en octobre une résolution demandant justice pour les femmes victimes du système d’esclavage sexuel mis en place par le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale.

Peine de mort

Un moratoire officieux sur les exécutions était toujours en place en Corée du Sud. Fin 2008, 58 prisonniers étaient sous le coup d’une condamnation à la peine capitale. La proposition de loi abolissant la peine de mort déposée devant le Parlement a été abandonnée en mars, faute d’avoir été examinée dans les délais légaux. Deux nouvelles propositions en ce sens ont cependant été soumises à l’Assemblée nationale.

Visites et documents d’Amnesty International

Des délégués d’Amnesty International se sont rendus en Corée du Sud en mars, en juillet et en octobre-novembre.

  • South Korea : Policing the candlelight protests in South Korea (ASA 25/008/2008).
Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit