Le mouvement en 2001 (2)

Défenseurs des droits humains
Les défenseurs des droits humains jouent un rôle crucial en rappelant aux États qu’ils ont le devoir de respecter leurs engagements et leurs obligations de protéger les droits de leurs ressortissants. Dans de nombreux pays à travers le monde, les défenseurs des droits humains sont exposés à des persécutions constantes en raison de leurs efforts pour apporter un soutien auxvictimes de violences et dénoncer les atteintes aux droits fondamentaux commises par des agents de l’État. Soutenir et protéger les défenseurs des droits humains demeure l’une des priorités d’Amnesty International.
En Amérique latine, un programme spécial d’Amnesty International consacré aux mécanismes de protection des défenseurs des droits humains menacés travaille en étroite collaboration avec des organisations locales et internationales afin d’élaborer et d’appliquer des plans nationaux de protection. Ont notamment été soutenus, dans ce cadre, des stages dans le pays et à l’étranger, ainsi que des initiatives permettant d’apporter un soutien aux défenseurs des droits humains, y compris aux témoins, lorsqu’ils sont menacés. Les membres du Réseau électronique des défenseurs des droits humains en Amérique latine ont lancé une action spéciale en faveur des défenseurs des droits humains menacés et agressés à cause de leur travail sur l’impunité en Colombie, au Guatémala, en République dominicaine et au Mexique.
En juin, Amnesty International a apporté son soutien à une consultation qui a réuni au Mexique des défenseurs des droits humains d’Amérique latine et des Caraïbes et la représentante spéciale des Nations unies pour la question des défenseurs des droits de l’homme. La rencontre avait pour but d’évoquer le mandat de la représentante spéciale et de l’informer des difficultés rencontrées par les militants dans la région. En octobre, la représentante spéciale s’est rendue en Colombie pour faire part aux autorités des besoins urgents des défenseurs des droits humains, dont plus de 30 ont été tués ces cinq dernières années.
Toujours en juin, Amnesty International a publié un rapport intitulé Colombie. Des mesures énergiques doivent être prises de toute urgence pour protéger les défenseurs des droits humains (AMR 23/023/01), dans lequel elle donne un aperçu des persécutions systématiques dont est victime l’Asociación de Familiares de Detenidos-Desaparecidos (ASFADES, Association des parents de prisonniers « disparus »). L’organisation a appelé les autorités colombiennes à adopter des mesures concrètes afin de protéger les défenseurs des droits humains. Au mois de décembre, Amnesty International a publié un rapport intitulé Mexique. Ils osent faire entendre leur voix (AMR 41/040/01) et a lancé une campagne en faveur des défenseurs mexicains des droits humains, dont le travail a souvent été entravé par les autorités qui les présentent comme des criminels ou des éléments subversifs. Le rapport faisait état de la persistance, au Mexique, d’actes de harcèlement visant les défenseurs des droits humains, malgré le changement de gouvernement en 2000 après plus de soixante-dix ans de régime à parti unique, et soulignait le devoir des autorités d’enquêter sur tous les cas, actuels et anciens.
En Asie du Sud, Amnesty International participe depuis l’année 1999 à l’organisation de rencontres de défenseurs des droits humains. Celles-ci permettent un échange sur les problèmes communs, favorisent l’interaction comme moyen de soutien et offrent la possibilité d’élaborer des mécanismes de protection concrets. Au cours de l’année 2001, Amnesty International a organisé plusieurs ateliers en Inde, où des défenseurs des droits humains ont pu se familiariser avec le système des Nations unies en matière de droits humains et avec le soutien qu’il peut apporter aux militants.
La campagne de promotion du travail des défenseurs des droits humains en Afrique de l’Ouest lancée en avril au Sénégal a été couronnée de succès. Elle a été suivie d’un atelier sur les mécanismes de protection auquel a participé la représentante spéciale des Nations unies pour la question des défenseurs des droits de l’homme. L’année a été marquée par des activités de campagne novatrices, notamment par l’utilisation des médias comme relais de diffusion de l’information sur l’action des défenseurs des droits humains, et par un travail de pression auprès des gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest et des organisations intergouvernementales. La campagne a permis la mise en place de coalitions de défenseurs des droits humains dans un grand nombre de pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi que la formation d’un réseau sous-régional en faveur de la protection de ces derniers et de la promotion de leur travail.
En juillet, un atelier sous-régional organisé au Mali pour les militantes des droits humains en Afrique de l’Ouest a souligné les circonstances difficiles dans lesquelles elles interviennent et a permis la mise en place de mécanismes de protection appropriés. L’élaboration du projet de reclassement s’est poursuivie. Ce programme est destiné à donner aux militants contraints de fuir leur pays la possibilité de poursuivre leur tâche dans la région en collaborant avec des ONG de défense des droits humains.
Cette année encore, les défenseurs des droits humains au Moyen-Orient ont dû affronter des difficultés dans leur travail. En Tunisie, les poursuites judiciaires contre la Ligue tunisienne des droits de l’homme se sont poursuivies, et des mesures ont été prises pour réduire les activités du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT). Des membres de cette organisation ont été à plusieurs reprises empêchés de se réunir et maltraités par les forces de sécurité. Des poursuites judiciaires ont été engagées contre des membres influents du CNLT.
Au mois de septembre, deux membres d’Amnesty International en visite officielle en Tunisie ont été arrêtés durant la nuit et maltraités par des agents en civil des forces de sécurité. Du matériel et des documents relatifs aux droits humains ont été volés. Au moins une personne a signalé avoir reçu des menaces de mort explicites de la part d’agents des forces de sécurité qui voulaient la dissuader de rencontrer les délégués d’Amnesty International.

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