Mozambique

RÉPUBLIQUE DU MOZAMBIQUE
CAPITALE : Maputo
SUPERFICIE : 799 380 km_
POPULATION : 18,9 millions
CHEF DE L’ÉTAT : Joaquim Alberto Chissano
CHEF DU GOUVERNEMENT : Pascoal Manuel Mocumbi
PEINE DE MORT : abolie
CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : non signé

De nombreuses personnes ont souffert d’une pénurie alimentaire qui était la conséquence des inondations et des périodes de sécheresse dont le pays a été victime. La lutte contre la corruption a connu quelques avancées, marquées par la tenue d’importants procès. Bien que des réformes aient été mises en oeuvre dans la police, un certain nombre d’informations ont fait état d’actes de torture et d’un usage excessif de la force et des armes à feu. Des cas de traite d’êtres humains et de trafic d’organes ont été signalés.

Contexte

La sécheresse qui a touché le centre et le sud du pays ainsi que les inondations dans le Nord et le Centre ont entraîné une grave pénurie alimentaire dont ont souffert des centaines de milliers de personnes. En juin, l’État a mis en place un organe de recherche chargé d’observer l’application de ses programmes de lutte contre la pauvreté. Ceux-ci comportaient également des dispositions visant à promouvoir l’égalité entre hommes et femmes et à combattre le sida et le VIH.
En mars, le gouvernement a déclaré qu’il avait satisfait aux obligations qui lui incombaient en vertu de la Convention d’Ottawa en détruisant son tout dernier stock de mines terrestres antipersonnel. Il restait quelques champs à déminer à la fin de l’année.
En septembre, d’anciens soldats de la Resistência Nacional Moçambicana (RENAMO, Résistance nationale mozambicaine), qui gardaient toujours l’ancien bastion militaire des rebelles à Marínguè, dans la province de Sofala, auraient encerclé le poste de police local durant plusieurs heures.
Les élections municipales qui se sont déroulées en novembre dans 23 villes et 10 communes rurales se sont soldées dans la plupart des cas par la victoire du Frente da Libertação de Moçambique (FRELIMO, Front de libération du Mozambique), le parti au pouvoir. La Resistência Nacional Moçambicana-União Eleitoral (RENAMO-UE, Résistance nationale mozambicaine - Union électorale), qui avait boycotté le scrutin municipal de 1998, a obtenu la majorité des suffrages à Beira et dans trois autres localités.
Au mois de décembre, l’Assemblée de la République (Parlement) a adopté une loi relative à la famille qui instituait l’égalité entre hommes et femmes.

Mesures destinées à mettre fin à l’impunité pour les actes de corruption et le grand banditisme
En janvier, six hommes ont été déclarés coupables du meurtre de Carlos Cardoso, rédacteur en chef d’un quotidien. Tué en novembre 2000, le journaliste avait mené une enquête sur une affaire d’escroquerie portant sur un montant de quelque 11 millions d’euros au Banco Comercial, une banque publique. Deux hommes d’affaires et un ancien directeur de l’établissement ont été reconnus coupables d’avoir commandité le meurtre de Carlos Cardoso, et les trois autres accusés d’avoir exécuté le crime. Cinq d’entre eux se sont vu infliger chacun une peine de vingt-trois ans et six mois de réclusion, tandis que le sixième, Aníbal dos Santos Júnior, était condamné par contumace à vingt-huit ans d’emprisonnement pour meurtre et infractions connexes. En décembre, le procureur général s’est rendu auprès des six détenus après avoir été informé qu’on leur faisait porter des fers aux pieds ou des chaînes, apparemment par mesure de sécurité. Le procureur a déclaré que de tels moyens de contrainte étaient illégaux. Quelques jours plus tard, les hommes d’affaires et l’ancien directeur de la banque ont comparu devant le tribunal, cette fois dans le cadre de la fraude bancaire.
En septembre, un tribunal a acquitté sept policiers accusés d’avoir aidé Aníbal dos Santos Júnior à s’évader de prison un an plus tôt. Le juge a déclaré que ces membres des forces de l’ordre n’étaient que des boucs émissaires, qui avaient servi à « protéger ceux qui sont intouchables ».
Les investigations sur le meurtre, au mois d’août 2001, de l’économiste António Siba-Siba Macuácua se sont poursuivies. Cet homme effectuait une enquête sur des pratiques frauduleuses et cherchait à recouvrer les pertes sur créance qui avaient conduit à la faillite du Banco Austral, en avril 2001.
En octobre, l’Assemblée nationale a adopté une loi relative à la lutte contre la corruption obligeant les hauts fonctionnaires à faire état de leur patrimoine dès leur entrée en fonction.

Actes de torture et recours excessif à la force imputables à la police

Cette année encore, des cas de torture ont été signalés, même si de telles informations étaient moins nombreuses que dans le passé.
En janvier, la police paramilitaire a interpellé Francisco Alberto Come à Maputo, sans fournir le motif de l’arrestation. Selon certaines sources, les policiers ont frappé l’homme à coups de matraque et l’ont roué de coups de poing et de pied, lui infligeant de graves blessures, puis ils l’ont conduit à un poste de police. Francisco Alberto Come a par la suite été hospitalisé. La Liga Moçambicana de Direitos Humanos (LMDH, Ligue mozambicaine des droits humains) a déposé une plainte auprès de la police et du procureur général, mais il semble qu’aucune information judiciaire n’avait été ouverte à la fin de l’année.
Des policiers ont abattu des suspects de droit commun dans des circonstances donnant à penser qu’ils n’avaient pas reçu de formation suffisante en matière de recours à la force et d’utilisation des armes à feu. Dans certains cas, la police a annoncé que des enquêtes étaient menées, mais leurs conclusions n’ont, semble-t-il, pas été rendues publiques.
En septembre, Virgílio Amade, un homme qui avait travaillé en République démocratique allemande (RDA), a été tué d’une balle provenant d’une arme de la police, à Maputo. Cela s’est produit lors de l’une des fréquentes manifestations organisées par d’anciens travailleurs immigrés en RDA pour réclamer des compensations financières. Une enquête balistique aurait confirmé que la balle provenait bien d’une arme appartenant à la police. Une information judiciaire était en cours à la fin de l’année.
_Un fonctionnaire de police a été arrêté après avoir abattu Carlos Faruca à Beira en octobre. Le policier aurait affirmé avoir agi en état de légitime défense lorsque Carlos Faruca, âgé de dix-huit ans, et d’autres jeunes gens non armés ont tenté de lui dérober son téléphone portable. À la fin de l’année, il se trouvait en détention en attendant d’être jugé.

Traite d’êtres humains

D’après certaines informations, des réseaux de trafiquants ont conduit des femmes et des jeunes filles en Afrique du Sud pour les exploiter sexuellement ou leur faire subir d’autres formes de travail forcé. Il semble que certaines victimes aient été attirées par la promesse d’obtenir un emploi, tandis que d’autres auraient été emmenées de force.
Des cas de trafic d’organes ont par ailleurs été signalés, à des fins de pratiques rituelles, semble-t-il. Un grand nombre de victimes étaient des enfants.
_En octobre, une femme a sauvé la vie d’un garçon de neuf ans qu’elle a trouvé au bord d’une route à Chimoio et à qui on avait ôté les parties génitales. D’après les informations recueillies, un homme d’affaires avait proposé de l’argent en échange du sexe de l’enfant et un intermédiaire avait chargé un homme et une femme de procéder à la mutilation. À la suite d’importantes pressions du bureau de la LMDH à Beira, les quatre personnes ont été arrêtées. Elles étaient toujours en instance de jugement fin 2003.

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